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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/182

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En prenant le thé.

— V’la l’petit maître ! disait-elle en me présentant, et elle me faisait asseoir à côté d’elle, près du grand fauteuil. On remettait un fagot dans le feu, et elle ne cessait de s’extasier à propos de moi.

Pauvre Manette va, chère et bonne vieille ! Parmi toutes les silhouettes qui ont passé dans ma vie d’homme, ta figure ridée et encadrée de cheveux gris n’est pas celle que je revois avec le moins de plaisir.

On m’apportait alors, dans une belle assiette de faïence à images, une soupe au lait que je mangeais, l’assiette sur ses genoux, avec une belle cuiller d’étain bien luisante.

— Est-elle assez sucrée ? me demandait la bonne vieille à chaque instant.

Et les jours où j’étais bien gourmand, je me faisais donner tout le contenu du sucrier.

Quand il lui fallait vaquer aux soins de la ferme, elle appelait sa fille, pour prendre soin de moi, mais je courais vite sur ses talons, sachant bien qu’avec elle j’étais en sûreté.