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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/199

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Violettes de Parme.

Ce sont des amours qui ne comptent pas, dira t-on.

Elles comptent, au contraire, et plus que les autres, et il s’en retrouve toujours quelque chose.

Voyez ! — quand l’âge est venu, — quand la vie lui devient sérieuse, s’il n’est pas bon pour l’homme d’invoquer dans son passé le souvenir d’une de ces fées bienfaisantes, qu’on bénit toujours, qu’on aime et qu’on respecte comme une image sanctifiée de l’amour.

On les retrouve à chaque tournant de la vie, vous tendant la main et vous redonnant courage.

Dans les heures de désespoir, alors que tout vous abandonne, on va rechercher bien loin, caché dans un coffret, le petit bouquet de violettes de l’enfance, — la gerbe des bons souvenirs, — et l’on y revoit l’insouciance, la gaieté, l’illusion, l’espérance, la vie pure enfin et le bonheur, et l’on se dit en y déposant un baiser :

— Malheureux l’homme qui n’a pas son bouquet de souvenirs d’enfance pour se consoler de l’âge mûr !

L’on souffle alors — soigneusement, la poussière qui le couvre, et l’on revoit ses couleurs éteintes ; —