Aller au contenu

Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

190
En prenant le thé.

fleur, écoutait un jeune homme qui lui donnait la réplique : c’était une scène d’amour. Elle était là immobile, les yeux brillants, le sein animé, et jolie comme un démon.

— Quelle jolie femme ! m’écriai-je en m’asseyant et prenant la lorgnette pour la mettre au point.

— Oui, me répondit d’une voix assez sèche ma femme, en s’asseyant au devant de la loge,… oui…

Sa gaieté était partie, son visage redevint sérieux, et, l’acte fini, au lieu de continuer notre bonne et tendre causerie, elle se mit à déplier lentement le programme et à lire silencieusement toute l’affiche des théâtres du jour.

— Eh bien, chère petite, lui dis-je après un instant de silence, es-tu contente d’être venue ? t’amuses-tu ?…

— Oui.

— C’était un oui sec, nerveux, sifflant, il avait passé tout vibrant entre ses dents serrées, elle l’avait dit sans le penser.

— Comme tu dis cela ! lui répétai-je, c’est à croire que tu es fâchée d’être venue.

— Non… C’est en trois actes seulement cette pièce, n’est-ce pas ?