Aller au contenu

Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

7
Un gros chagrin.

après les tracas, les inquiétudes de la vie, lorsque en rentrant le soir, autour de la nappe bien blanche, à côté de nos deux couverts, je voyais le gobelet d’argent du bébé et sa haute chaise à dossier droit, je rentrais aussitôt dans ma vie aimée, et les incertitudes de l’avenir ou les regrets du passé m’abandonnaient.

Et puis, lorsque trottinant de ses deux petits pieds qui faisaient tic-tac sur le plancher et se jetant dans mes jambes, la petite folle m’empêchait de marcher et voulait avoir avant sa mère mon premier baiser, c’étaient des joies, des petits cris… et, ma foi, si ce n’est pas là le bonheur, c’en est si bien l’ombre, qu’il est permis de la prendre pour la réalité.

Tous les soirs, lorsque vers cinq heures je rentrais, l’enfant accourait à moi, les bras nus, élevés en l’air, riant et dansant.

— Petit père, bébé a été bien sage, va !

C’était, il faut l’avouer, une phrase un tantinet stéréotypée sur ses petites lèvres, mais un regard, échangé avec la mère, me ramenait vite à la juste connaissance de la vérité.

Alors, je la prenais dans mes bras et je la faisais