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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/36

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En prenant le thé

avait cessé de tomber : les pavés blancs se séchaient dans la basse-cour, et les petites mares se rétrécissaient peu à peu.

Ma petite poule alors, secouant ses ailes et allongeant sa tête, sortit lentement de sa cachette ; et la famille empennée, rendue hardie par l’exemple, se dispersa en gloussant… En ce moment, ma petite amie me montra du doigt ma petite poule :

— C’est la mienne, vous savez, c’est ma petite poulette, — elle vient manger près de moi ; — quand il fera plus sec, je vous donnerai une répétition, ajouta-t-elle en souriant.

La petite poulette, doucement, se rapprochait du coq. Celui-ci, becquetant çà et là, pouvait à peine atteindre un grain ; la petite coquette suivait chacun de ses mouvements, lui prenait le grain sous le bec, et venait boire à la même goutte d’eau ; puis, passant de l’autre côté, penchait sa tête vers la sienne, et semblait lui faire des agaceries. Pour lui, impassible dans sa dignité de roi patriarche, il se laissait faire et poursuivait majestueusement sa promenade.

— C’est un jeune de cette année, reprit Marie. — Hé ! hé ! pensai-je à part moi, la poulette est devenue poule et craint qu’on ne s’en aperçoive pas !