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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/38

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En prenant le thé

houe sur l’épaule, profitent de l’éclaircie, pour aller aux pommes de terre.


Au sortir de la grille, Marie me prit le bras, et nous nous mîmes à causer.

— Vous êtes courageuse, lui dis-je, d’avoir osé sortir après ce vilain temps : les chemins sont détrempés et le bois est humide… Vous n’avez pas peur ?…

— Je ne suis plus une enfant et je puis bien me mouiller à ma fantaisie, me répond-elle en se redressant.

— Sans doute !… sans doute !…

Après quelque temps :

— Comme on est sotte lorsqu’on est enfant ! vous souvenez-vous de nos jeux d’autrefois ?

— Mais certainement ; et avec beaucoup de plaisir ; c’était un heureux temps. Vous souvenez-vous aussi lorsque je vous appelais ma petite femme ?

— Est-ce loin, mon Dieu !

— Pourquoi tout ce laisser-aller de l’enfance doit-il être comprimé ? Ne regrettez-vous pas ces heures-là, Marie ? et ce gai temps d’insouciance n’est-il pas le meilleur de la vie ? Dites donc, ajoutai-je en riant, si