Aller au contenu

Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

22
En prenant le thé

petites mines, et ses hésitations, et ses agaceries ! Et ce méchant vilain gros coq qui ne voulait pas faire attention à elle… Pauvre petite !

— Il y a évidemment, me disais-je, dans la vie d’une jeune poule un jour où elle commence à se deviner elle-même, où elle cherche à s’assurer de son pouvoir, où elle éprouve le besoin de s’affirmer, de se sentir vivre. C’est la fleur qui crève son bouton, c’est l’angelus du matin, faible et lent, qui appelle les fidèles dans le temple ; la jeune fille à ce moment-là…

Mon raisonnement commençait à s’embrouiller et je ne voyais plus clair du tout dans ma pauvre tête ; je me rapprochai de ma compagne de route.

— Dites-moi, Marie, lui demandai-je, pourquoi ne me tutoyez-vous plus ?

— Je crois que ce ne serait plus convenable, me répondit-elle lentement.

— Quels préjugés avez-vous donc, ma chère enfant !

— Oh ! ce n’est pas moi qui l’ai voulu, et si je m’écoutais…

Elle rougit encore, craignant d’en avoir trop dit.

— Voyons, lui dis-je, prenez mon bras, et