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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/70

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En prenant le thé

dans cette bonne petite chambre, tendue du papier à images que je connais depuis tantôt quinze ans.

Elle n’a guère changé, cette vieille ferme des P… depuis le temps où j’y venais bambin.

C’est toujours, à gauche dans la cour, la grande mare où barbotent les canards, ici le même tas de fumier, puis là le même chariot et les enfants qui se balancent à ses chaînes. Rien n’a changé : par la lu carne de l’écurie, les chevaux me suivent toujours de leurs grands yeux inquiets, et toujours les moutons bèlent en élevant la tête à la demi-porte de l’étable.

… J’entends la Manette qui m’appelle par mon nom, et la jeune chàtelaine s’en vient à ma rencontre, embarrassée de me donner la main par son roman et son ombrelle.

Elle éclate de rire de sa gaucherie, et la connaissance est bientôt faite.

C’est pourtant vrai, le seul changement qui se soit fait aux P… c’est le mariage de Jean.

— Vous arrivez un peu tard ; les foins sont près d’être finis. Mon mari et moi, nous vous attendions plus tôt.

La charmante créature prononça les mots : mon