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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/80

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En prenant le thé.

La jeune baronne était une mignonne et ravissante veuve.

Elle comptait ses années par les neiges et n’en avait pas encore compté beaucoup.

Nonchalante et frileuse, dans sa longue houppelande de cachemire qui moulait son corps, c’était bien la plus adorable fille d’Ève qui se pût voir, nerveuse, inquiète et passionnée.

Son veuvage d’un an lui pesait : elle s’ennuyait.

Elle avait, vers le commencement de l’hiver, rencontré, dans plusieurs salons, Maximilien de T…, et le jeune vicomte lui avait plu : elle l’avait reçu dans son intimité. Il lui était devenu un besoin. Elle l’aimait, et s’inquiétait peu de savoir si ce qu’elle cherchait en son adorateur, c’était l’homme ou l’individu.

Dans les commencements de cette liaison, son besoin d’affection lui avait donné le change sur son propre sentiment ; mais cet amour fraternel, pur, tout platonique, commençait à peser au jeune homme.

La veille déjà, elle avait eu à subir un rude choc, et cependant elle l’attendait encore.

La pauvre femme s’ennuyait.