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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/96

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En prenant le thé

timide et curieuse, vous rougissiez encore en vous trouvant seule avec moi ?

C’était à cette même saison, et je vous revois encore, vos cheveux blonds en boucles neigeuses autour des tempes ; vous aviez encore un peu peur de moi dans ce temps-là, n’est-il pas vrai, comtesse ?

Et à notre premier voyage, quand la chaise de poste qui nous emportait nous enlevait trop vite, à votre gré, d’auprès de votre mère : vous étiez dans un coin, craintive et pelotonnée, les yeux un peu rougis et regardant tristement les grands arbres fuir aux côtés de la route.

Puis, lorsque je vous eus rendu courage, et que me tendant votre petite main fine : Pardonnez-moi de pleurer, mon ami, me disiez-vous, mais c’est plus fort que moi !

En disant cela, je ne sais comment il prit ma main dans la sienne, et rêveuse je l’y laissai.

Et puis, lorsque le lendemain, après nous être remis en route, vous veniez plus confiante près de moi et me disiez tout bas, la bouche près de mon oreille : Tu ne me fais plus peur, sais-tu…