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Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/121

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La Gaspésie

derrières. Comme les défenseurs de la patrie sont toujours forts sur le sol natal, les étrangers doivent céder et déguerpir devant les coups de bec et les malédictions de leurs adversaires. Cette petite guerre entraîne de fréquents combats, car à peine se passe-t-il un quart-d’heure, sans que des cris aigus nous avertissent que la discorde a lancé ses brandons parmi la gent volatile.

Les deux républiques, dont le territoire réuni couvre environ deux arpents en superficie, étaient autrefois protégées par l’escarpement de leur rocher, et vivaient à l’abri des incursions de l’homme. Le nid paternel se léguait de génération en génération ; le goëland et le cormoran élevaient leurs enfants, au lieu où ils avaient eux-mêmes becqueté la coquille pour se glisser dans le monde. Ce monde cependant changeait autour d’eux ; c’était bien toujours le même ciel ; c’était bien la même mer se brisant,