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Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/183

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La Gaspésie

présenter avec plus d’énergie les incidents et les faits que sa parole s’occupe à décrire. Vous dit-il les tempêtes qu’il a essuyées dans sa barge ? Il se balance comme les mâts, il bondit comme la vague, il siffle comme les vents déchaînés. Rappelle-t-il quelques exploits au pugilat ? Sur votre tête, il promène un poing décharné et dur comme un marteau, et à chaque instant il menace de vous assommer. Vous raconte-t-il comment le médecin a coupé la jambe à son fils ? Il s’étend sur le plancher, s’arme d’un couteau, se roidit, se roule, se tord comme une couleuvre blessée, et cherche ainsi à exprimer les sensations de la douleur, que lui-même n’a jamais éprouvée. Cette dernière est une longue histoire, qu’Emmanuel termine en déclarant que, pendant une semaine, « le joculot n’avions pas d’autre goût que de flairer de la douceur. » — Dans le français des Acadiens, adopté en grande partie par les Paspébiacs, le joculot est le dernier garçon de la