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Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/199

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La Gaspésie

tempête s’éleva. Parmi les prisonniers, il y avait de vieux marins, qui entendaient la navigation, encore mieux que les Anglais. Désespérant de conserver le navire avec son faible équipage, le capitaine appela les Acadiens à son secours. Ceux-ci ne se firent pas prier ; car il s’agissait de sauver leurs femmes et leurs enfants. Pendant le trouble causé par le vent et par la mer, les prisonniers délivrent leurs compagnons de captivité, s’emparent du capitaine et des matelots anglais, qu’ils relèguent à fond de cale, et prennent eux-mêmes la direction du navire. Libres, ils commencent par se jeter à genoux et récitent les litanies de la sainte Vierge. Puis ils se relèvent pleins de confiance, attachent au gouvernail un scapulaire, et invitent leur bonne mère à guider le navire, tandis qu’eux-mêmes feront la manœuvre. Et le navire fut si bien conduit, qu’au bout de quelques heures il arrivait dans la rivière Saint-Jean. »