Aller au contenu

Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
La Gaspésie

cherche sa pâture dans la plus profonde sécurité. La mer ne s’est pas encore montrée à nos yeux si sublime et si terrible.


8 heures et demie du soir.

De profondes ténèbres sont répandues dans l’air, tandis que sur les eaux s’étend une nappe de feux phosphoriques. Les yeux marins de Benne aperçoivent un bâtiment à quelque distance, en avant de la Sara ; peu après, tous le voient et distinguent le sillage lumineux qu’il laisse après lui. Il est à petite portée de la voix, et fait même route que nous. De part et d’autre, les questions et les réponses se croisent, sans pouvoir être comprises au milieu des sifflements du vent et du bruit des vagues. Enfin, après bien des cris poussés des deux côtés, Benne comprend que c’est une goëlette qui vient d’Halifax et qui appartient à M. Tremblay, de la Malbaie. — « Elle marche comme un quai », observe le capitaine V. Il disait vrai, car nous l’avions déjà dépassée.