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Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/70

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La Gaspésie

bon LaFontaine. Au bruit des vagues, mes rêveries sont agréablement bercées par le balancement mesuré de la Sara ; avec le filet de fumée, qui s’élève en tournoyant du fourneau de mon pétunoir, se déroulent les songes enchantés de l’enfance, les fantaisies, les espérances, et l’avenir couleur de rose de la jeunesse ; les amis qui ne sont plus, et ceux que la Providence a dispersés, apparaissent les uns après les autres, traînant dans leur cortège des souvenirs, tantôt à demi effacés, tantôt plein de vie et de fraîcheur. Souvenirs, espérances, voilà la somme des joies humaines ; l’homme n’est heureux que dans le passé et dans l’avenir ; mais le présent… « Ouf ! le présent est trop humide et trop froid pour que je reste ici », fis-je, presque étouffé en si beau chemin, par une vague, qui venait de franchir le plat-bord, et brisait en un clin-d’œil la chaîne de mes méditations.