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Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/8

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La Gaspésie

taine ! » répète le même officier, le second. — « Le capitaine est allé dire adieu à sa femme ! » — « C’est bien le temps d’y aller quand on va partir. Jette une amarre sur le quai. » — L’amarre lancée tombe à mi-chemin ; mais un bras plus nerveux et plus expert la pousse jusques à terre, où elle est arrêtée ; l’avant de la goëlette se rapproche du débarcadère, et enfin le capitaine Constant V., la joue encore humide du dernier baiser de sa chère épouse, foule du pied le pont de sa bien-aimée Sara, de sa troisième moitié, comme le dirait un enfant de l’Irlande. Le cœur du brave homme est, en effet, à peu près partagé entre sa femme et ses deux goëlettes. Qui oserait lui en faire un crime ? Une goëlette obéit à son maître et garde le silence ; c’est ce que le marin n’obtient pas toujours de sa femme !

Le capitaine V. prend avec dignité le commandement de son bâtiment ; les amarres se détachent de nouveau ; un léger souffle du