Aller au contenu

Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
La Gaspésie

à leurs navires, un capitaine sauvage, accompagné de ses trois fils et de son frère, vint protester contre l’occupation de son pays ; c’est du moins ce que comprit Cartier. Vêtu d’une vieille peau d’ours, le chef se leva avec dignité dans son canot, et fit une longue harangue, durant laquelle, tantôt il montrait la croix, tantôt il étendait la main vers les terres voisines, comme pour déclarer qu’elles lui appartenaient. Quand il eut péroré à sa fantaisie on l’attira, ainsi que ses compagnons sur un des navires, où, après lui avoir remis quelques présents, Cartier lui expliqua qu’il désirait mener en France deux de ses fils. Pour les engager à faire ce voyage, on revêtit chacun d’eux d’une chemise et d’un sayon de couleur ; on leur mit sur la tête une toque rouge et on leur passa au cou une chaîne de laiton. Ainsi affublés, les jeunes gars ne pouvait plus contenir leur joie ; et, sous l’inspiration du moment, ils consentirent à suivre leurs magnifiques patrons. Taiguragny et Domagoya distribuèrent leurs vieux habits