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Page:Ferrero – La ruine de la civilisation antique.djvu/208

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LA RUINE

comprendre un des plus grands drames de l’histoire humaine. Quelle vie prodigieuse prennent ces obscures discussions théologiques, quand on les replace dans le désordre épouvantable de l’immense Empire qui croulait, parce qu’il n’avait plus aucun principe d’autorité solide et sûr pour soutenir l’ordre social : ni l’ancien principe gréco-latin, le principe aristocratique et républicain, consacré par le polythéisme, qui était tombé ; ni le nouveau principe asiatique et monarchique, qui n’arrivait pas à mettre des racines solides. Les luttes théologiques de cette époque ne sont qu’un effort titanique pour constituer une discipline intellectuelle de fer, une doctrine de la vie, indiscutée et indiscutable, résistant à tous les assauts des intérêts et des passions, dans un moment où l’autorité politique chancelait, l’autorité religieuse était encore partagée et faible, et toutes les traditions avaient été bouleversées par les révolutions, par les guerres, par