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Page:Ferrier - La partie d'échecs, 1876.djvu/19

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Emma.

Il n’y avait pas de liquidation, autrefois !… Vous ne m’aimez plus, monsieur Frédéric.

Perdrigeot.

Je ne vous aime plus ?… — Je le devrais, pour tant de froideur !

Emma.

Qu’exigez-vous davantage ? Je vous ai donné mon cœur !

Perdrigeot.

Possible ! mais à quel prix, Emma ?

Emma.

Prenez garde !… mon mari peut rentrer !…

Perdrigeot.

Oui, je sais ! il peut rentrer, et il rentrera ! et je sais ce qui m’attend : il me fera arroser ses pétunias !… — Car j’arrose ses pétunias… je sarcle son jardin… je bêche ses massifs !… il a un jardinier, mais c’est moi qui jardine ! — Ah ! tenez ! vous m’avez donné votre cœur, mais votre mari me le fait bien payer !

Boisramé, à la cantonade.

Je sais bien qu’ils ont soif, les pétunias…

Emma.

Eloignez-vous ! c’est lui !

Boisramé, de même.

Ils crèvent de soif !…

Perdrigeot.

Dame, depuis huit jours !…

Boisramé, entrant par le pan coupé de droite.

Si Perdrigeot venait… pardi !… (Il l’aperçoit.) Il est venu, ce cher ami !…