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Page:Ferrier - La partie d'échecs, 1876.djvu/24

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Perdrigeot.

Farouche ?

Boisramé.

Heuh !… mais elle a été rosière, ici, il y a deux ans… c’est même moi qui la couronnai.

Perdrigeot.

Oh ! bien, ce n’est pas la mienne !… alors elle est prude ?

Boisramé.

Elle est bébête !… à part ça, je ne me plains pas, et le soir, au jardin, sous de frivoles prétextes… Bref, c’est mon dernier soir ! ou ce soir… ou jamais !

Perdrigeot.

Eh bien, et ta partie d’échecs ?

Boisramé.

Tu la feras pour moi, avec Emma, que tu conseilleras… et que tu retiendras ici, tandis que Marcadieu sera au verger, à guetter mon voleur.

Perdrigeot.

Ton voleur ?

Boisramé.

C’est mon truc ! Je me suis dérobé des abricots… verts ! et comme Marcadieu, qui est la probité même, les compte tous les jours…

Perdrigeot.

Il s’est aperçu qu’il en manquait ?

Boisramé, tirant des abricots verts de sa poche.

Les voici !… Je n’ai pas osé les manger.

Perdrigeot.

Les noyaux t’auraient trahi !

Boisramé.

Oui, d’abord ; et puis ils sont verts, et, l’été, le fruit vert… mange-les, toi !…