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Page:Fichte - De l’idée d’une guerre légitime, 1831, trad. Lortet.djvu/50

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Je dis qu’il en est aussi qui regardent notre ennemi comme un instrument de Dieu au moyen duquel il veut exécuter, qui sait quels plans ! Ces augures qui pénètrent les desseins de la providence allèguent : l’expulsion des turcs de l’Europe, s’ils sont chrétiens superstitieux ; l’anéantissement de la noblesse, s’ils sont marchands ; la destruction de l’esprit mercantile, s’ils sont chevaliers.

J’exprime ici une erreur commune aux hommes ignorants et grossiers, je veux la réfuter en général.

La cause de leur aveuglement est qu’ils ne considèrent pas la liberté comme la source de toute véritable existence. Ils désirent avoir le bien, et pour cela se sont imaginés un Dieu qui le fait maître pour eux et le fait arriver à point, par une simple coïncidence matérielle sans qu’ils aient même besoin de se bouger. Ils trouvent dans la religion des moyens miraculeux pour cela, ils ont un bain, un aliment, une huile qui rendent saints pour la vertu, sans même que l’homme intervienne. Alors d’après leur manière de voir, l’histoire du genre humain est comme une grande plante, qui par le simple développement maturatif de son germe, fleurit d’elle-même dans l’empire divin de la sagesse et de la vertu. S’il leur arrive quelque chose de funeste et de mauvais ils exaltent alors leur foi indolente, car ils ne tour-