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Page:Fiel - Épreuves maternelles, 1930.djvu/144

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ÉPREUVES MATERNELLES

— Vous êtes un ange.

Un matin, Paul sembla se réveiller de son assoupissement. Distinctement, on l’entendit prononcer :

— Denise !

C’était un appel. Denise s’approcha doucement, émue à un point extrême. Il la regarda, comme surpris, puis il referma les yeux, et s’endormit d’un sommeil paisible.

La jeune femme était fort agitée. Elle n’avait rien pu lire dans ce regard. Était-ce la paix définitive ?

Elle ne demandait ni prévenances, ni attentions, mais seulement vivre à côté de ses enfants, dût-elle être considérée comme une étrangère dans sa propre maison par le père de ses enfants.

Maintenant, elle ne quittait plus la chambre de Paul, guettant ses moindres mots.

Il se réveilla au bout de quelques heures, promena son regard autour de la pièce et dit de sa voix naturelle.

— J’ai eu de la chance d’en réchapper.

— Enfin, dit le docteur, vous voici de nouveau des nôtres.

— Il y a déjà quelque temps que je le suis, mais j’ai d’abord voulu me recueillir. Qui me soigne ?

— Deux infirmières.

Paul Domanet jeta un coup d’œil sur le docteur. Il y eut un silence, puis il reprit :

— Quelles infirmières ?

— D’abord, celle qui est de droit près de vous : Mme Domanet.

Le blessé ne répliqua pas un mot. Il ferma de nouveau les yeux et parut plongé dans une méditation ou peut-être une lassitude fort compréhensible.

On respecta son mutisme.

Denise, à l’écart, n’osait plus bouger et retenait son souffle.

Son mari dit soudain :

— Comment se portent mes enfants ?

— On peut vous les amener.

— Eh bien ! priez leur mère de me les amener.

Puis, il appela le docteur plus près de lui pour lui le questionner :

— Mon bras ?

— Votre bras, cher ami ? Sans doute restera-t-il