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Page:Fiel - L'étonnante journée, 1932.djvu/141

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Elle avait mûri de quelques années en quelques heures et cela se manifestait par des paroles qu’elle lançait à tort et à travers.

Mme Dravil riait et Huguette s’exclama :

— Tu ferais une drôle de dame de maison !…

Suzette fut extrêmement mortifiée de cette appréciation et, bien que son amie eût un an de plus qu’elle, sa réponse fut sévère :

— Tu n’es qu’une petite fille, parce que tu n’as pas eu de frère perdu… Papa le dit bien : un souci vous donne tout de suite des années en plus… J’ai eu du souci aujourd’hui, ma fille, et j’ai l’âge d’une grande personne…

Suzette possédait une mémoire excellente quand il s’agissait de certaines choses, mais son étourderie était inconcevable dans les détails de la vie.

Huguette ne sut que dire après cette apostrophe et Mme Dravil dut ramener un peu de sérénité dans les rapports.

Elle demanda à Suzette :

— Ta maman sait que tu es ici ?

— Je le suppose… J’ai demandé à Mme Glace d’avertir à la maison…

— Mais si cette dame n’y était pas allée ?… Ta maman ignore peut-être où tu es !… Elle va te croire perdue aussi !… C’est terrible… Il faut absolument que je-te reconduise…

— Ne vous désolez pas… Madame Glace a sûrement prévenu Justine… Maman n’est peut--