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Page:Fiel - L'étonnante journée, 1932.djvu/164

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— Une petite fille ne doit se permettre aucune observation envers ses parents, surtout quand elle est la cause d’un trouble pareil, prononça Monsieur Lassonat d’une voix sévère.

Suzette, sous le prétexte d’aller se laver les mains avant de s’asseoir à table, alla dans sa chambre, décidément, ces gronderies la désolaient autant qu’elles l’agaçaient.

C’était un parti pris… Elle avait perdu son petit frère… Cependant, maintenant qu’il était retrouvé, on aurait pu lui pardonner aussi son étourderie. Tout le monde pouvait être coupable d’oubli ou de distraction… Mais les parents, pensait Suzette, ne peuvent pas démordre d’une idée…

La fillette était persuadée qu’elle aurait beau devenir raisonnable, sans une seule négligence, qu’on lui reprocherait toujours son pauvre petit défaut.

Pour la première fois de sa vie, Suzette voyait l’avenir en noir. Assise dans un petit fauteuil, sans appétit, elle contemplait sa poupée et se demandait comment conquérir l’estime de son entourage.

À force de torturer son cerveau, elle fut convaincue qu’un enfant perdu détenait, seul, toutes les qualités aux yeux de ses parents.

Son père ne le lui avait-il pas fait pressentir le jour même ?

Bob était devenu tout à coup, gentil, beau,