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Page:Fiel - L'ombre s'efface, 1955.pdf/43

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l’ombre s’efface

Elle chercha quel jour elle m’indiquerait, et après avoir réfléchi un moment elle conclut :

— Voulez-vous venir me voir après-demain ?

— Très volontiers.

— Nous serons seules et nous bavarderons comme deux bonnes amies. Je pense que Jacques n’y verra nul inconvénient ?

— Oh ! non. Je suis tout à fait libre de mon temps !

— Nous l’avions perdu de vue depuis cet affreux accident. Il était devenu presque misanthrope et négligeait tous ses amis. Aussi avons-nous été bien heureux d’apprendre son mariage. Nous sommes d’autant plus ravis qu’il a épousé une femme char­mante.

— Vous me rendez toute confuse, madame.

Mme de Sesse me sourit de sa manière si douce.

Mme Saint-Bart vint à nous en s’écriant :

— Que complotez-vous toutes les deux ?

— J’invite Mme Rodilat à venir me voir après-demain, et si vous voulez être des nôtres, vous serez la bienvenue.

Au bout de quelques secondes, Mme Saint-Bart murmura :

— Je ne pourrai pas. Il me semble que j’ai rendez-vous avec ma coiffeuse. Enfin, si j’ai un moment, vous me verrez.

— Vous savez que vous êtes toujours attendue chez moi, dit gracieusement Mme de Sesse.

J’admirais combien ces femmes du monde trouvaient facilement la parole à dire.

Jacques, qui causait avec Hervé, donna le signal du départ.

— Déjà ! s’écria Hervé. Nous avons eu à peine le temps de faire connaissance avec ta femme !

— Nous nous reverrons ! répliqua mon mari avec bonne humeur.

— La remarque d’Hervé est juste, insista M. Saint-Bart ; je n’ai pas pu échanger deux mots avec Mme Rodilat.

C’était la vérité. J’avais eu un petit colloque avec chaque personne, sauf avec le beau-frère de M. de Gritte. Cela n’avait d’ailleurs aucune importance. Je lui dis en riant :