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insuffisante de fulminate de mercure, ont pu la renforcer en l’enfermant simplement dans une deuxième enveloppe de fer-blanc.

Après ces quelques aperçus théoriques, nous allons étudier les diverses substances explosives connues aujourd’hui. Nous analyserons ensuite leur mode d’emploi dans les armes de guerre et leur application à l’industrie.

On peut dire que le nombre des explosifs que l’on peut obtenir est presque illimité. La difficulté est de faire passer ces agents chimiques, de l’état de produits de laboratoire, à l’état d’auxiliaires utiles à l’industrie et à l’art de la guerre.

C’est à la revue de ces produits que ce Supplément sera consacré.

Nous devons commencer cette étude par un produit, devenu aujourd’hui industriel, tant son usage est répandu. Nous voulons parler de la dynamite.

On a donné le nom de dynamite à une foule de matières explosives qui diffèrent par leur composition et leur aspect, autant que par la nature et la puissance des effets qu’elles produisent ; mais toutes les dynamites ont un principe actif identique, et ce principe, c’est la nitro-glycérine.

Qu’est-ce que la nitro-glycérine ? C’est le produit résultant de l’action de l’acide azotique sur la glycérine.

La glycérine (C6H8O6) fut découverte, au siècle dernier, par l’illustre chimiste suédois Scheele. Chevreul, à qui l’industrie moderne doit tant de découvertes, prouva que la glycérine est un véritable alcool.

La glycérine s’obtient, comme produit accessoire, ou résidu, dans la fabrication du savon. C’est la substance qui demeure dissoute dans l’eau, quand on a saponifié une huile ou une graisse ; en évaporant l’eau, on en retire la glycérine.

Pour préparer la nitro-glycérine, on traite, disons-nous, la glycérine par l’acide azotique. Voici la manière d’opérer. On place de la glycérine dans un vase en verre, maintenu dans un courant d’eau froide, et l’on y ajoute, par petites quantités et très lentement, un mélange de quatre parties d’acide sulfurique et de deux parties d’acide azotique. On agite constamment, afin d’éviter une brusque élévation de température ; la nitro-glycérine se forme, et si, après avoir versé le tout dans une grande quantité d’eau froide, on imprime à la masse un mouvement circulaire, la nitro-glycérine se sépare, et tombe au fond du vase.

« Le produit, dit M. Dumas-Guilin, dans son ouvrage La dynamite de guerre et le coton-poudre, présente, en cet état, l’aspect d’une huile trouble d’un blanc jaunâtre. On le soumet d’abord à des lavages prolongés à grande eau ; puis on le traite par une solution alcaline, afin de neutraliser l’excès d’acide qu’il contient. Après de nouveaux lavages, qui entraînent les dernières traces de corps étrangers, la nitro-glycérine peut être considérée comme suffisamment pure. On la place alors sous la cloche d’une machine pneumatique, au-dessus d’une cuve d’acide sulfurique concentré, où elle se débarrasse de l’eau dont elle demeure naturellement imprégnée, à la suite des précédentes manipulations.

« La nitro-glycérine est quelquefois desséchée dans des étuves chauffées au moyen de l’eau. La température de ces étuves ne doit pas être supérieure à + 40 degrés. »

Industriellement, la nitro-glycérine se fabrique dans des appareils où l’on fait intervenir le moins possible la main de l’homme.

Nous citerons, comme type de ce genre de fabrication, l’atelier pour la préparation de la nitro-glycérine qui a été installé par la Compagnie la Forcite, à Baelen-sur-Nethe (Belgique).

La figure 97 donne une coupe de cet atelier, qui est divisé en deux étages, et largement ventilé par des cheminées d’appel. La glycérine est emmagasinée dans le réservoir supérieur g, d’où on la fait couler par un tube, dans le bac a. D’autre part, les acides azotique et sulfurique arrivent dans le