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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/131

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fer. On se fraye un passage à travers tous ces obstacles, en les entourant d’un saucisson de pétards de dynamite.

Pour détruire les voies ferrées, on fixe solidement deux pétards, du poids de 100 grammes, contre les rails, entre les deux saillies et des deux côtés de la voie.

C’est ce que nous représentons dans la figure 109, qui donne en même temps le dessin exact, en élevation, de la forme d’un pétard de dynamite réglementaire dans l’armée.

L’explosion de ces deux pétards produit une brèche de 50 centimètres de longueur, et la circulation des trains est interrompue. Cette brèche suffirait, en tout cas, pour amener le déraillement d’un train.

Si l’on veut obtenir une détérioration plus grave et détruire une grande portion de la voie ferrée, on fait exploser 50 ou 100 pétards, placés à 20 ou 30 mètres les uns des autres, et l’on recherche principalement les points où les rails décrivent des courbes, puisque la réparation des courbes d’une voie ferrée est beaucoup plus difficile que celle des parties en ligne droite.

S’il s’agit de couper des routes, 40 kilogrammes de dynamite suffisent pour démolir les remblais d’une route, sur une étendue de 20 à 30 mètres. On retarde, de cette manière, la marche de l’ennemi, surtout si l’on a affaire à de la cavalerie.

Pour détruire les ponts, les officiers du génie font sauter les piles avec la dynamite, et s’efforcent, en démolissant ainsi une ou deux arches, de créer une interruption du tablier du pont, de 20 mètres de largeur.

Nous représentons sur la figure 110 deux pétards de dynamite placés sur un pont métallique pour déterminer sa rupture.

Fig. 110. — Pétards de dynamite placés pour la rupture d’un pont métallique.

A, B, pétards ; C, cordeau.

En 1870, quand les armées allemandes étaient arrivées sous les murs de Paris, deux cents francs-tireurs, hommes résolus, partis de Langres, parvinrent, après une marche audacieuse à travers des lignes ennemies, jusqu’au pont de Fontenoy, et ils réussirent à faire sauter deux arches de ce pont. Ces braves soldats risquaient leur vie ; car si les ennemis les avaient découverts et faits prisonniers, ils auraient été immédiatement fusillés. Ils réussirent dans leur hardi coup de main, et leur dévouement héroïque fut couronné par le succès.

Quelle était la raison qui les poussait en avant ?

La ligne du chemin de fer de l’Est passe sur le pont de Fontenoy. C’est par cette voie ferrée que les Allemands faisaient venir, pour le bombardement de Paris, leurs canons de gros calibre, leurs obus, leurs poudres et leurs immenses approvisionnements. Le pont une fois détruit, les Allemands étaient obligés de faire transporter leur matériel et les vivres sur des voitures attelées de chevaux, ce qui était à peu près impossible.

La destruction du pont de Fontenoy, pendant la retraite de Sedan, a été racontée avec