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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/168

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CHAPITRE II

l’artillerie de campagne actuelle. — canons de 90 et de 80, du système de bange. — projectiles de ces canons : obus à balles, boîtes à mitraille. — service en campagne.

En 1877, le Comité d’artillerie, ayant à faire un choix pour la pièce de campagne, eut à se prononcer entre le canon du colonel de Lahitolle et un modèle proposé par le colonel de Bange.

Fig. 137. — Le colonel de Bange.

Dix batteries de l’un et de l’autre modèle furent mises en service et expérimentées, et c’est le canon de Bange qui réunit la presque unanimité des suffrages de nos officiers d’artillerie. Depuis lors, le colonel de Bange, qui était devenu directeur de l’atelier de précision à Saint-Thomas d’Aquin, a donné sa démission ; on lui avait fait attendre trop longtemps, comme à de Reffye, les étoiles de général.

Si la guerre éclatait, le canon de campagne de Bange se mesurerait avec le canon Krupp, et nous sommes bien persuadé, tout chauvinisme à part, que l’avantage serait de notre côté. On en a eu la preuve en 1885. Les officiers et les ingénieurs du royaume de Serbie réunis à Belgrade, ayant à choisir entre les canons Krupp, de l’usine d’Essen, et les canons de Bange, fabriqués par l’usine Cail, à Paris, c’est le canon de Bange qui l’emporta.

Aujourd’hui toutes nos batteries de l’armée active sont garnies du canon de campagne du colonel de Bange. La description détaillée des canons de Bange présente donc un intérêt exceptionnel. On ne fait pas la guerre rien qu’avec de braves soldats, et les plus fortes volontés ne remplacent pas un canon à longue portée. Cette expérience, nous l’avons faite à nos dépens, en 1870. Quand nos fantassins abordaient de près l’ennemi, nos artilleurs étaient obligés d’interrompre leur tir, tandis que l’artillerie prussienne, pourvue de pièces à longue portée et à trajectoire tendue, tirait, quand même, par-dessus ses compagnies, et contribuait, d’une façon efficace, au succès final. Le canon de Bange et le fusil modèle de 1886, voilà les deux puissants outils de notre défense nationale.

Le canon de Bange, ou canon de 90 (fig. 138), a, comme on le devine, d’après la définition donnée page 162, un diamètre de 90 millimètres à la bouche. C’est une pièce en acier, rayée à droite, du poids de 530 kilogrammes ; l’obus ordinaire pèse 8 kilogrammes. À la charge normale de 1 900 grammes de poudre C, la vitesse initiale de ce projectile est de 455 mètres par seconde, et sa portée est exactement de 6 900 mètres.

Avant de décrire les parties essentielles