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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/203

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Les seuls adversaires d’une côte fortifiée ne sont pas les bâtiments cuirassés, mais aussi les bateaux-torpilles, les sloops et les troupes de débarquement. Avec les lourdes pièces de place ou de côte, il est difficile de tirer sur un but qui se déplace constamment ; mais on obtient aisément ce résultat avec des canons à tir rapide. Si les troupes de débarquement — ou les colonnes d’assaut d’un fort — apparaissent dans une direction inattendue, il est souvent impossible d’amener les grosses pièces de ce côté. On peut, au contraire, garnir de canons à tir rapide toute la ligne de défense ; car les canons à tir rapide, de petites dimensions, ne coûtent pas très cher, et c’est une considération à méditer, à présent que les budgets de la guerre et de la marine subissent une constante et inquiétante augmentation.

Même au début d’un siège, les canons à tir rapide rempliront un rôle important dans la défense active des postes extérieurs les plus avancés. Si l’assiégeant fait des progrès, les batteries improvisées construites par les défenseurs de la place seront démolies et désarmées, de façon à ce que leurs gros canons ne tombent pas au pouvoir de l’ennemi ; mais rien ne s’opposera à ce qu’on y laisse des canons à tir rapide, dont les projectiles gêneront les tirailleurs de l’assiégeant, ainsi que ses sapeurs, occupés à tracer les cheminements vers les remparts. Le canon Nordenfelt, par exemple, de 47 millimètres de diamètre, pèse 216 kilogrammes, et tire, avec une charge de 790 grammes, un obus de 1 kilo 50, avec une vitesse initiale de 630 mètres ; ce canon peut tirer jusqu’à 32 coups par minute.

Le canon-revolver Hotchkiss, employé par la marine française, a le même diamètre ; il pèse 223 kilogrammes, et lance, comme nous l’avons dit, avec une charge de 790 grammes, un projectile de 1 kilo 50, avec une vitesse initiale de 600 mètres. Le mode de pointage est le même que celui de notre mitrailleuse.

Notre artillerie de côte emploie :

Le canon de 16 centimètres ; — le canon de 27 centimètres ; — le canon de 32 centimètres ; — l’obusier de 22 centimètres ; — le canon de 240, en acier ; — le canon de 19 centimètres.

Toutes ces pièces sont installées à poste fixe, dans des batteries, casemates ou tourelles ; elles sont, comme nous l’avons dit plus haut, également employées pour l’armement de nos forts.

La bouche à feu la plus importante construite de nos jours pour la défense des côtes est le grand canon en acier appartenant au système de Bange et qui est du diamètre de 240 millimètres.

Nous représentons cette dernière bouche à feu dans la figure 168.

Le grand canon de 240 pèse 14 000 kilogrammes ; ses dispositions essentielles ne diffèrent pas de celles du canon de 155. Avec une charge de 38 kilogrammes de poudre SP, ce canon tire un obus, qui pèse 152 kilogrammes et qui contient 5 kilogrammes de mélinite. L’affût est à frein hydraulique ; à l’arrière de l’affût existe une potence de chargement, qui sert à amener le projectile en face de la culasse ouverte. Pour donner à la pièce l’angle de tir convenable, l’affût est muni d’un appareil spécial de pointage en hauteur.

Les autres pièces de côtes ne méritent pas une description spéciale : les unes ont été décrites dans notre précédent ouvrage ; les autres ne diffèrent pas suffisamment des pièces du système de Bange dont nous avons déjà longuement parlé.