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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/224

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Il faut commencer par élargir l’âme au diamètre de la chambre et du logement de la culasse, et pratiquer les filets de l’écrou. Il ne reste plus qu’à rayer la pièce.

On la dispose sur un banc de rayage horizontal, identique à peu de chose près au banc de forerie. Un arbre de couche imprime à la bouche à feu un mouvement continu, de l’arrière à l’avant, pendant qu’un couteau en acier entame les parois de l’âme, et y trace les rayures. Les mouvements de la bouche à feu et du couteau en acier sont calculés de telle façon que les rayures aient le pas choisi à l’avance.

Quand la pièce est rayée, elle est visitée dans tous ses détails. On y dessine alors la charnière du volet, l’emplacement du verrou du guidon, de la craupaudine et de la hausse. Quant à la vis de culasse qui, même pour les canons en bronze, est en acier, elle est fabriquée à part.

Les canons de fonte dont on fait encore usage dans les places fortes et la marine, doivent être renforcés avec plus de solidité que les canons de bronze. Ils reçoivent, outre les frettes, un tube d’acier, qui se pose avant le frettage. Ce tube d’acier est tourné plus gros que son logement dans la pièce. Pour pouvoir faire entrer le tube d’acier dans le canon, on place celui-ci debout dans une fosse, et on le chauffe assez fortement pour que, par l’effet de la dilatation, le tube puisse pénétrer et être vissé dans son logement. Quand elle se refroidit, la pièce comprime le tube diamétralement et longitudinalement, et celui-ci demeure bien en place.

Après toutes ces opérations le canon est terminé. Il ne reste qu’à lui donner un tournage extérieur définitif, et à le pourvoir de ses accessoires : guidon, fourreau de la hausse, gâche et fermeture de culasse.

Ces accessoires sont fabriqués par d’excellentes machines-outils.

Sous le rapport de la durée comparative des pièces en bronze et en acier, on peut dire que les canons d’acier ont une durée presque indéfinie, sauf le cas de fissure ou d’arrachement.

Les canons de bronze, au contraire, ne peuvent fournir que 1 500 coups environ. Après ce tir, ils sont hors d’usage, et doivent être refondus.

La durée des canons de fonte varie avec leur calibre. Un canon de 19 centimètres est usé après 1 100 coups ; un canon de 27 centimètres, après 400 coups seulement. Ce n’est donc que dans les places de peu d’importance ou sur les côtes maritimes, dont la défense est aisée, que l’on relègue ces bouches à feu.

La fabrication d’un canon d’acier diffère très peu de la fabrication d’une bouche à feu en bronze.

Les tubes d’acier, dans lesquels on doit forer le canon, sont livrés par l’industrie privée, sous la surveillance de capitaines en second d’artillerie, qui sont momentanément détachés de leurs batteries, et affectés à ce service.

Les frettes sont faites en acier puddlé, tandis que les canons sont fabriqués avec de l’acier fondu, obtenu dans les différentes usines françaises, par le procédé Bessemer ou par le procédé Siemens.

Les frettes sont des barres d’acier enroulées au laminoir, soudées au marteau-pilon, et trempées à l’eau. Toutes ces parties accessoires de la bouche à feu sont, elles aussi, soumises à des épreuves très précises et très concluantes.

Pour les bouches à feu en fonte, qui sont destinées aux places fortes ou à la marine, ainsi qu’il est dit plus haut, et qui sont de très gros calibre, on se sert, comme axes, de noyaux d’arbres en fer, et l’on fait la coulée dans les moules tournés la bouche en bas. Deux siphons amènent