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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/287

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acier fondu, qui est forgé, non à ruban, mais d’un seul bloc, comme le canon du fusil Lebel, et le canon moiré.

Ce dernier se fabrique à l’aide d’arbillons en acier et en fer, que l’on réduit en baguettes carrées, et que l’on tord régulièrement, afin d’épurer la matière. Ces baguettes, une fois tordues, sont aplaties légèrement, et liées ensemble, par deux, trois ou quatre. Quand elles ont été soudées, on les étire de façon à ce qu’elles offrent une résistance supérieure au tonnerre, puis on les réduit en lames, qu’on enroule, et l’on en fait un ruban, qui est travaillé comme nous l’avons montré plus haut.

La plupart de nos fusils de chasse sont fabriqués à Saint-Étienne, pour la France, et à Liège, pour la Belgique.

Les premières fabriques d’armes de Saint-Étienne ont été créées vers le milieu du seizième siècle. En 1535, François Ier fit fabriquer, dans cette ville, des mousquets à mèche et des arquebuses à rouet ; et depuis cette époque, Saint-Étienne est resté en possession de la fabrication, presque privilégiée, de la confection des fusils de chasse, en France.

En Belgique, Liège est le siège principal de cette fabrication.

Avant 1789, la ville de Liège était l’arsenal du continent. Elle fournissait plus de 200 000 fusils, mousquets et mousquetons, au commerce de l’Allemagne du Nord, de la Hollande, de la France, de l’Espagne, du Portugal, de la Turquie et de l’Amérique du Sud.

En 1800, on commença à fabriquer, à Liège, les armes à percussion, et jusqu’à nos jours on y a produit tous les modèles de fusils de chasse et de guerre, au fur et à mesure de leur invention, ou de leur adoption par les États.

Nous représentons dans la figure 245 (page 284) le principal atelier mécanique de l’armurerie liégeoise, atelier qui a environ 30 mètres de largeur, sur 40 de longueur. On peut y placer 200 à 300 métiers, en y joignant les annexes.

Depuis l’adoption des nouveaux systèmes de fusils de chasse à chargement par la culasse, l’industrie armurière de Liège a réuni dans ses fabriques toutes les machines-outils nécessaires à la confection des petites pièces. Nous représentons dans la figure 246 (page 285) les principales de ces machines-outils. C’est avec leur aide que, par une division infinie du travail, les ouvriers appareilleurs et ajusteurs produisent, avec une célérité étonnante, quantité d’armes de tout calibre.

Il existe, à Liège, outre les grands ateliers d’armurerie, spécialement affectés aux armes de guerre, un nombre considérable de familles, que l’on peut évaluer à plus de 20 000, qui se livrent à la fabrication des canons de fusil, et qui vont les apporter aux fabriques. Là, après les épreuves nécessaires, on les reçoit, pour les achever, en y joignant les bois et les accessoires.

L’industrie des canons de fusil est particulièrement localisée dans la vallée de la Verdre, depuis Chaudfontaine jusqu’à Nessonvaux.

Toutes les armes à feu fabriquées dans le pays, de quelque calibre et dimension qu’elles soient, sont apportées à l’usine, et présentées à la réception, qui est prononcée, après toute une série d’épreuves.

Les canons apportés à l’usine (fig. 247, page 286) sont placés sur une manne, et amenés sur des rails (fig. 248) aux chambres de chargement.

On peut s’imaginer ce que doit être la salle de tir, pour les épreuves des canons de fusil, quand on saura que plus de 60 000 armes de tout calibre sont expédiées annuellement des ateliers de Liège. Dans ces chambres, bardées de fer, on se croirait en pleine batterie, au milieu de feux de peloton continuels.

Les canons doubles sont soumis au tir,