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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/31

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traite le papier par l’eau chaude. Dès lors, la pellicule impressionnée dans ces parties, n’adhérant pas au papier, est exposée à s’arracher.

Cette difficulté a été surmontée par un artifice très ingénieux, dû à M. l’abbé Laborde (1858), et à M. Fargier (1859). Le papier gélatino-chromaté a deux faces : l’une extérieure, et l’autre qui touche au support. On développe l’image par la face qui n’a pas reçu l’impression de la lumière, c’est-à-dire par la face adhérente au support.

Pour cela, on colle sur l’épreuve non encore développée un papier préparé spécialement, que l’on nomme papier de transfert, et on place le cliché négatif dans l’eau tiède. Le support se détache peu à peu ; l’image adhère au nouveau support, et y conserve ainsi toutes ses finesses.

On fixe l’épreuve par un passage à l’alun et un lavage à l’eau froide.

L’opération du transfert oblige forcément à retourner le cliché, car la droite est devenue la gauche et inversement. Pour la redresser, il faut transporter de nouveau l’image terminée, sur un dernier support, qui est le support définitif, où elle se retrouve dans le vrai sens.

En faisant usage de pellicule pour obtenir l’épreuve négative, l’opération du retournement est plus facile ; il n’y a qu’à prendre la face opposée à celle qui a reçu l’impression lumineuse pour épreuve définitive.

Tel est le procédé dit au charbon, non que le charbon intervienne comme agent photographique, puisque chimiquement c’est un corps absolument inerte, mais parce que la poudre de charbon (qui pourrait être remplacée par une matière pulvérulente colorée quelconque, pourvu qu’elle soit insensible à l’action de la lumière) sert à garantir le papier de l’impression lumineuse.

La description que nous venons d’en donner suffit pour faire comprendre que ce mode de tirage est d’un emploi plus long que le procédé au chlorure d’argent. Il a, toutefois, l’avantage de donner des épreuves inaltérables, et il est surtout employé par les opérateurs qui se servent des procédés pelliculaires.

Si l’on remplace le charbon par des poudres diversement colorées, on obtient des photographies de couleurs différentes, selon la matière ajoutée, ou selon la couleur du papier qui sert de support. C’est ainsi que l’on obtient des images rouges, violettes, bleues, etc.

Le tirage au charbon qui a joui d’une grande vogue, pendant vingt ans, a été à peu près abandonné depuis la création du procédé au gélatino-bromure.

Procédé au platine ou platinotypie. Un procédé de tirage des positifs qui est, au contraire, encore en grande faveur aujourd’hui, c’est la platinotypie, c’est-à-dire le tirage des positifs sur du papier enduit d’un sel de platine. On obtient par cette méthode des images qui ressemblent à des dessins au crayon ou au fusain, genre qu’affectionnent beaucoup d’amateurs. Mais leur principal avantage, c’est que l’épreuve positive étant composée d’un métal inaltérable, le platine, est absolument indestructible, et sous ce rapport, le tirage au platine doit être recommandé de préférence au tirage au chlorure d’argent. Ajoutons que les manipulations sont simples, rapides, et que l’impression par la lumière exige beaucoup moins de temps qu’avec les papiers au sel d’argent.

Toutes ces considérations expliquent la faveur dont jouit aujourd’hui le tirage des épreuves positives au sel de platine.

Le commerce fournit du papier au platine, pour les tirages des épreuves positives. On le conserve dans des étuis contenant du chlorure de calcium, substance avide d’eau,