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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/315

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tres de longueur, sur 18 mètres de largeur, et déplace 7 239 tonneaux, mais sa vitesse n’est que de 14 nœuds, et s’il est presque entièrement en fer et en acier, si la ceinture qui le protège à la flottaison atteint une épaisseur de 50 centimètres, il n’est armé que de deux canons, de 42 centimètres, placés dans une tourelle mobile, et de quatre canons de 10 centimètres. C’est ce qui lui assigne plus particulièrement le rôle de garde-côtes.

L’Indomptable, abrité par un pont en acier, est mis en mouvement par deux hélices, actionnées par deux machines à vapeur compound à trois cylindres. La vapeur est fournie aux machines par deux chaudières. À l’intérieur, le navire est divisé en dix compartiments, par des cloisons étanches.

Le garde-côtes cuirassé, le Tonnerre, construit sur les plans de M. de Bussy, ingénieur des constructions navales, a été lancé en 1877. Ce qui fait l’originalité de ce bâtiment, c’est que tous ses mouvements, grâce aux appareils que nous avons décrits dans le Supplément aux Bateaux à vapeur, sous le nom de servo-moteurs[1], sont littéralement sous la main de son commandant, qui, installé dans le réduit du centre, domine son énorme bâtiment, et le fait, à proprement parler, évoluer du doigt. Dans ce garde-côtes, tout s’exécute à la machine, même la ventilation. La lumière est artificielle ; ce qui était nécessaire, puisque, sauf le réduit cuirassé central, tout le reste du navire est presque entièrement sous l’eau, et n’émerge que de 2 mètres au plus au-dessus de la mer.

Le Tonnerre a deux coques, distantes l’une de l’autre de 90 centimètres, et superposées. Il ne possède qu’un seul mât, où l’on hisse les signaux, et où l’on place les vigies.

Ce navire, qui déplace 4 524 tonnes, se compose d’un réduit, d’une tour et d’une superstructure. La coque, doublée en fer, est armée d’un éperon de 3 mètres. À sa partie moyenne, cette coque a 7 mètres de hauteur ; elle est partagée en neuf sections à l’aide de huit cloisons étanches transversales.

Le réduit central, qui se trouve sur le pont, et qui contient la tour, est blindé. Il a 40 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur et 2 mètres de hauteur, et renferme les logements du commandant et de son second, l’hôpital, ainsi que le poste de l’équipage. La tourelle a un diamètre extérieur de 10m,50 ; elle s’élève de 6 mètres au-dessus du pont, et elle est elle-même surmontée d’une petite tourelle, d’un mètre. Percée de deux sabords, elle est armée de deux canons de 27 centimètres ; comme la tour tourne sur un pivot ses canons peuvent être pointés dans toutes les directions. Enfin, dans l’espace laissé libre sur le pont, à l’avant et à l’arrière, on a construit deux sortes d’immenses caisses en tôle, où sont les logements des maîtres et de l’état-major.

Quant à la superstructure, élément dont nous avons pour la première fois l’occasion de parler, c’est un vaste palier en tôle, qui a 3 mètres de largeur, sur 27 mètres de longueur, et qui, installé au centre du navire, renferme la cheminée et supporte une large plate-forme. À chacun des angles de cette plate-forme se trouve un canon de 12 ; les hamacs de l’équipage sont, pendant le jour, rangés dans les bastingages de cette plateforme.

Quand un petit modèle de ce navire parut à l’Exposition universelle de 1878, quelques marins prétendirent que ce bâtiment manquerait de stabilité. La navigation qu’il a faite depuis a largement démontré que ces critiques étaient mal fondées.

Sur le modèle du Tonnerre et en différant à peine par quelques dispositions, a été construit, à Rochefort, et lancé en 1881, le magnifique garde-côtes cuirassé, le Tonnant, que nous représentons dans la figure 258.

  1. Tome Ier, pages 174-177.