Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps à corps, il faut encore se préoccuper des intérêts que chaque nation doit défendre sur les mers. Si, pendant une guerre, les navires qui apportent le blé, voire même les canons et les munitions, comme ceux qui voyagèrent, en 1870, des États-Unis en France, étaient pris ou arrêtés en route, la fortune et le sort d’un pays pourraient être compromis. D’où la nécessité d’ajouter aux bâtiments cuirassés d’autres navires de guerre, également cuirassés, mais plus petits, et à marche rapide.

On appelle croiseurs les navires répondant à cette nouvelle indication.

Le croiseur est au cuirassé ce que la cavalerie est à l’infanterie. Il veille à la sûreté du corps de bataille ; il le protège contre les surprises de l’ennemi ; il éclaire sa route, il explore l’horizon, dans toutes les directions, en avant, en arrière et sur les flancs, pour avertir l’amiral des mouvements ennemis qui peuvent menacer l’escadre. Dans la constitution des flottes modernes, le croiseur a donc une importance hors ligne.

Si nous possédons, en France, d’admirables vaisseaux cuirassés, nous ne sommes pas moins bien pourvus en fait de croiseurs.

Quand on commença à ajouter moins d’importance aux grands navires cuirassés, le gouvernement français ordonna la construction de plusieurs croiseurs. Au mois de janvier 1888, l’arsenal de Rochefort procédait au lancement d’un très beau et très puissant croiseur, le Forbin, et sur le même modèle, le Surcouf, le Tonder, la Lalande, le Condor et le Coetlogon. Pour faire connaître ces types de bâtiments de guerre, nous décrirons d’abord le Forbin.

Le Forbin est un des plus longs croiseurs qui existent. Il mesure 95 mètres de longueur, sur 9 mètres seulement de largeur ; il déplace 1 848 tonneaux, avec un tirant moyen de 4m,24. Ses deux machines à vapeur sont d’une force de 6 000 chevaux. Il est protégé par un pont cuirassé, qui a la forme d’un dos de tortue, et qui va de bout en bout du navire, au-dessous de la flottaison.

Ce croiseur, qui file 19 nœuds, et qui n’a que 150 hommes d’équipage, porte deux canons de 14 centimètres, placés sur le pont des gaillards, trois canons à tir rapide installés sur la dunette, et quatre canons-revolvers (mitrailleuses). Il a coûté 3 millions, dont 74 000 francs seulement pour le matériel d’artillerie, et plus d’un million pour les appareils moteurs.

Les croiseurs, dont nous venons de donner la nomenclature, et qui ont été faits sur le modèle du Forbin, sont connus sous le nom de croiseurs de 3e classe. Le Dupuy-de-Lôme, que nous allons décrire, est le type des croiseurs de 1re classe, et le Davout, le type des croiseurs intermédiaires, ou de 2e classe. Disons seulement, en ce qui touche ce dernier type, que le Davout a 88 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, qu’il file 20 nœuds, et qu’il est armé de quatre canons de 16 centimètres.

Le Dupuy-de-Lôme, type des croiseurs de 1re classe, est plus grand. Il a 114 mètres de longueur, sur 15m,70 de largeur. Ses deux machines à vapeur développent une force de 14 000 chevaux, et permettent à ce bâtiment, réellement exceptionnel, de filer 20 nœuds. Il a pour armement deux canons de 19 centimètres, trois canons de 16 centimètres à l’avant, et trois canons de même calibre à l’arrière, huit canons-revolvers (mitrailleuses) et huit canons à tir rapide. Il est protégé, dans ses œuvres vives, par un pont cuirassé, situé au-dessous de la ligne de flottaison.

Le Hussard appartient à la catégorie des croiseurs de 2e classe. Nous le représentons dans la figure 260.

Le croiseur le Hussard est un navire en bois et à éperon, qui a été construit au Havre, et lancé le 27 août 1877. Sa longueur est de 65 mètres, et sa largeur de 8 mètres.