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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/322

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de 1re classe, qui sont tous les quatre, et comme le Dupuy-de-Lôme, revêtus de cuirasses à l’épreuve des obus à la mélinite.

Il est bien évident que la construction des croiseurs de 1re classe s’imposait à nous. Les croiseurs de 3e classe, du type du Forbin, ne disposent pas d’une artillerie suffisante ; c’est tout au plus s’ils sont bons pour le service d’éclaireurs d’escadre. Ces croiseurs n’ont peut-être pas un rayon d’action suffisant : les croiseurs du premier type répondent seuls efficacement à leur mission.

La marine britannique, à l’exemple de la nôtre, n’a pas hésité à suspendre la construction des navires cuirassés, pour activer celle des croiseurs rapides. Sir Charles Dilke écrivait, en 1888, à ce sujet : « Toutes les puissances multiplient leurs croiseurs, pour attaquer notre commerce. Pour deux navires anglais qui filent 20 nœuds, on en cite cinq français et russes. Sans doute, nous avons nos steamers marchands, mais telle est la supériorité de la France en croiseurs à grande vitesse, qu’il est à douter que nous ayons assez de steamers à grande vitesse, pour contrebalancer sa supériorité. »

La vitesse est le principal facteur dans la guerre navale.

La marine anglaise en revient à rechercher la grande vitesse, pour ses navires de guerre. Mais il faut joindre à cette qualité la mobilité ; c’est cette double condition que nous nous sommes efforcés de réaliser dans la construction de croiseurs des types les plus récents sortis de nos chantiers et qu’il nous reste à décrire.

Tels sont les croiseurs torpilleurs, l’Épervier et la Cécille.

L’Épervier est un bâtiment en acier et à deux hélices, qui a 68 mètres de longueur sur 8m,90 de largeur. Sa coque est divisée en dix compartiments étanches, dont les cloisons s’élèvent jusqu’au pont cuirassé. Le pont, qui a la forme d’un dos de tortue, protège toutes les parties vitales du navire, machines, chaudières, soutes à munitions, etc. Il est armé de cinq canons de 10 centimètres et de six canons-revolvers. Sa construction a coûté 2 millions.

Le Cécille est un croiseur de 1re classe, construit par la Société des forges et chantiers de la Méditerranée, et dont les plans ont été dressés par M. Lugane. Il est en acier, à double hélice, et mesure 122 mètres de longueur, sur 15 mètres de largeur. Un pont cuirassé protège les deux machines motrices, les chaudières et les soutes à munitions. Le pont est établi au-dessous de la ligne de flottaison ; il s’abaisse en abord et sur les extrémités, et forme ainsi une ceinture, qui présente une réelle résistance aux projectiles de fort calibre. Au-dessus du pont, on a dressé une série de caissons en acier, qui sont remplis de cellulose comprimée ; on assure, de cette façon, l’insubmersibilité du bâtiment, en cas d’avarie par les obus.

Quatre machines à vapeur, accouplées par deux, à deux hélices juxtaposées, développent une force de 9 600 chevaux-vapeur.

Le Cécille est armé de six canons de 16 centimètres, placés sur le pont, de dix canons de 14 centimètres dans la batterie, et d’une trentaine de canons à tir rapide et de canons-revolvers. Il est éclairé à l’électricité, file 19 nœuds, et comporte un équipage de 486 hommes.

Le Forfait, qui a été lancé le 6 février 1879, à l’arsenal du Mourillon (Toulon), appartient à la catégorie de navires en bois de grande vitesse, destinés à combattre, non pas des cuirassés, mais des navires de même espèce. Toutefois, la rapidité de marche dont sont animés les bâtiments de ce type leur assure, pour le combat, des avantages particuliers sur les cuirassés eux-mêmes. Ils se classent dans les croiseurs de deuxième rang.

La longueur du Forfait est, à la flottaison, de 76 mètres, sur 11m,60 de largeur. Son