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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/384

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commerce, et à intervenir, s’il y a lieu, dans une guerre européenne ; l’autre, exclusivement affectée à la garde de la mer Noire.

La première de ces flottes comprend neuf vaisseaux cuirassés, six croiseurs cuirassés, et onze monitors, à tourelles cuirassées.

Le Pierre-le-Grand est le type des grands cuirassés russes.

La flotte de la mer Noire se compose : 1° de trois cuirassés à tourelles, qui déplacent chacun 10 000 tonneaux, et sont armés, chacun, de six canons de 42, de sept canons de 6 et de quatorze mitrailleuses ; 2° de croiseurs cuirassés et de 2 canonnières ; 3° de 9 croiseurs-canonnières non cuirassés, plus de 2 yachts et de 29 torpilleurs.

Il faut ajouter à l’effectif précédent la flottille de Sibérie et celle de la mer Caspienne, qui sont formées l’une et l’autre d’une dizaine de canonnières et de quelques bateaux à vapeur.

La flottille de Sibérie seule possède sept torpilleurs ; la flottille de la mer Caspienne n’en a pas, par cette bonne raison que l’on ne voit pas très bien à quels puissants bâtiments ennemis les navires russes de la mer Caspienne pourraient jamais avoir affaire.

En résumé, douze à quinze cuirassés, quinze monitors, ou batteries flottantes, vingt croiseurs, cent quarante navires ou bateaux torpilleurs, tel est l’effectif total de la flotte russe, effectif peu considérable, sans doute, mais qui s’explique si l’on considère que depuis la guerre de Crimée la Russie n’avait plus sa liberté d’action dans la mer Noire. Pendant quinze années de recueillement, l’empire russe s’est contenté de réunir dans la mer Baltique une solide flotte de défense. Il s’occupe maintenant d’augmenter sa flotte de haute mer, au nord, comme au midi. Le grand-duc Constantin, l’amiral qui la commande, est animé du désir de la tenir à la hauteur des travaux modernes, et il se consacre avec ardeur à reconstituer le matériel militaire naval de la mer Noire et de la Baltique.

Les torpilleurs ont été l’objet d’études toutes particulières en Russie. Nous représentons dans la figure 302 un torpilleur russe, avec les détails de l’installation intérieure de ses différents organes.

Les Russes ont pensé que les bateaux-torpilleurs, avec lesquels ils avaient accompli de si audacieux exploits sur le Danube, leur seraient de la plus grande utilité pour lutter contre d’autres flottes. À cet effet, ils ont fait construire cent bateaux, sur le modèle des quatre qui avaient opéré contre les cuirassés turcs.

La carapace blindée de ces torpilleurs a la forme du dos de la baleine ; ce qui permet de donner une plus grande hauteur à la chambre de la machine, en même temps que le bateau offre moins de prise aux balles et aux boulets.

Ils ont 25 mètres de long, sur 3m,33 de large, avec un tirant d’eau de 4m,66, et peuvent acquérir une vitesse de 22 milles à l’heure. Ils sont divisés en plusieurs compartiments, avec cloisons étanches, et armés de trois porte-torpilles en acier creux : un à l’avant et les deux autres aux flancs du navire. La torpille elle-même est composée d’une boîte en cuivre, qui renferme une charge variant de 20 à 25 kilogrammes de dynamite. Cette charge est plus que suffisante pour faire sombrer, par son explosion, les plus forts cuirassés.

Ces cent bateaux-torpilles ont été construits ou assemblés, à Saint-Pétersbourg. Le gouvernement avait confié les différentes pièces des machines à plusieurs industriels d’Europe.

Plusieurs de ces bateaux sont aujourd’hui à flot dans la mer Noire, à quelques milles du Bosphore.

L’Espagne, venue la dernière dans la carrière navale militaire moderne, se trouve,