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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/412

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qui en dépendent. Les charbons se rapprochent, et l’arc prend les mêmes dimensions qu’avant l’écartement.

La figure 325 représente l’ensemble du régulateur Cance.

Bougie Jablochkoff. — L’invention de la bougie électrique, faite en 1876, par M. Jablochkoff, fut, avons-nous dit, dans l’historique, la cause déterminante de l’adoption générale de l’éclairage par l’arc électrique. En effet, ce système, si nouveau et si original, supprimait tout appareil mécanique coûteux, et exigeant pour son maniement, des personnes instruites. Le premier ouvrier venu pouvait allumer et surveiller les lampes. En réunissant plusieurs lampes sur un même support automatique, ou chandelier automatique, comme on l’appelle, on se procurait l’éclairage d’une soirée entière, sans que l’on eût à s’en occuper.

Le succès de cette invention fut donc grand et rapide. En 1878, l’avenue de l’Opéra, à Paris, fut éclairée tout entière par des bougies Jablochkoff. L’Hippodrome, plusieurs théâtres, et de grands magasins, comme ceux du Louvre, l’adoptèrent, en même temps.

On voit dans la figure 326, la splendide installation de bougies Jablochkoff dans la vaste enceinte de l’Hippodrome de Paris, faite dès les premiers temps de l’invention du savant russe.

Cependant, cette belle création n’a pas eu le développement commercial qu’elle promettait, et qu’auraient pu lui assurer ses inestimables qualités. C’est que les régulateurs qu’elle avait pour mission de détrôner, se sont, depuis son apparition, singulièrement perfectionnés et multipliés. Les bougies électriques ont conservé la place qu’elles avaient prise dès le début, dans quelques théâtres, et dans les grands magasins. Elle se sont introduites dans de nouvelles usines, mais elles sont loin d’avoir suivi la progression, toujours croissante, des régulateurs.

On leur reproche de coûter un peu plus cher que les simples charbons (ce qui est assez naturel) et d’exiger, à lumière égale, une force motrice supérieure à celle que demandent les régulateurs. Il faut noter encore que l’éclat et la couleur de la lumière sont sujets à des variations qui fatiguent la vue, et peuvent donner lieu, tantôt à des extinctions, tantôt à des accroissements subits d’intensité lumineuse, avec apparition de feu rougeâtre, et projection de parcelles de charbon incandescent. Enfin, leur intensité n’est que de 40 à 100 becs Carcel, dépassée, aujourd’hui, par la plupart des éclairages à arc munis d’un régulateur.

Il faut remarquer, d’ailleurs, que la bougie Jablochkoff exige l’emploi des courants alternatifs, qui ne sont point nécessaires dans l’éclairage par les régulateurs. En effet, on sait que les charbons placés aux deux pôles du courant, s’usent inégalement, que le charbon du pôle positif s’use deux fois plus vite que celui du pôle négatif. C’est précisément, d’ailleurs, sur l’idée de faire usage de courants alternatifs, c’est-à-dire d’un courant se distribuant tantôt à l’un, tantôt, à l’autre pôle, pour parer à l’inconvénient de l’usure inégale des charbons, que repose le principe de l’invention des bougies Jablochkoff. Mais l’usage des courants alternatifs nécessite un appareil d’inversion qui n’est pas nécessaire dans l’éclairage par le courant continu.

Tels sont les avantages et les inconvénients de la bougie Jablochkoff ; et ainsi s’explique que cette invention remarquable et qui fut si justement admirée, à l’époque de son apparition, n’ait pas vu confirmer par la suite les grands espoirs qu’elle avait fait naître. Les gens de finance, qui étaient restés froids à l’égard de l’éclairage électrique, à ses débuts, se jetèrent avec ardeur dans l’exploitation de la découverte du physicien russe ; et de là partit le mouvement général