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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/417

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à-dire les appartements, les théâtres et les lieux publics. Cette préférence s’explique par l’extrême commodité que présente ce mode d’éclairage. Pour allumer, comme pour éteindre un bec électrique, il suffit de tourner un robinet. Le danger d’incendie est absolument écarté par ce luminaire, puisqu’il est à l’abri de tout contact atmosphérique. Si la clochette qui entoure le fil incandescent, vient à se briser, la lumière s’éteint immédiatement, car le filament de charbon brûle à l’air, et disparaît. Aucun entretien n’est nécessaire, le filament conducteur durant trois à quatre mois sans être usé. L’éclat de la lumière, ainsi que sa couleur, ne laissent rien à désirer. Enfin, la dépense n’est pas supérieure à celle de l’éclairage au gaz, et l’on est dispensé de tous les soins d’entretien, nécessaires avec les lampes à huile, ou de la surveillance qu’exige l’emploi du gaz ou du pétrole.

Tous ces avantages sont énormes ; ils suffisent à expliquer l’emploi, si général aujourd’hui, de l’éclairage électrique par incandescence.

Comme on l’a vu, dans la partie historique de cette Notice, l’éclairage par l’incandescence d’un fil parcouru par un courant électrique, fut réalisé d’abord par M, de Changy, en France, en se servant d’un fil de platine qui rougissait à l’air libre, mais sans faire emploi du vide.

Les premières lampes électriques à fil placé dans le vide, furent les lampes dites russes, construites par Lodyguine, en 1872.

C’est en perfectionnant la lampe russe que M. Edison, en 1879, créa la première lampe électrique industrielle, fondée sur l’incandescence d’un filament de charbon, placé dans le vide. Le constructeur anglais Swann suivit de près Edison, et, à leur suite, différents concurrents créèrent des lampes auxquelles leur nom resta attaché, mais qui ne différaient que par la nature du filament de charbon, ou par le procédé servant à le fabriquer. M. Edison employa la fibre du bambou carbonisé ; Swann, du coton tressé carbonisé ; M. Maxim, du carton Bristol carbonisé ; M. Anatole Gérard, du charbon aggloméré passé à la filière.

Quelle que soit la nature du filament carbonisé, celui-ci est placé dans le vide, pour empêcher sa combustion. La forme du vase, ou ampoule, dans lequel le filament conducteur est placé, varie selon les constructeurs.

Nous allons décrire les différentes lampes à incandescence qui existent aujourd’hui, et la manière de les construire.

Nous prendrons pour type la fabrication des lampes dans les ateliers de M. Edison à New-York, et à Ivry (Seine), le célèbre constructeur américain étant le premier qui ait rendu ce mode d’éclairage pratique et commercial.

La matière qui doit former, après sa carbonisation, le filament conducteur de la lampe Edison, c’est le bambou du Japon. Arrivé à l’usine, le bambou est découpé en petites lanières, puis recourbé en forme d’U, et introduit dans des boîtes plates en nickel, bien fermées. Ces boîtes sont entassées, par centaines, dans un fourneau, et on remplit de plombagine l’intervalle qui existe entre elles, pour empêcher l’accès de l’air. On chauffe alors fortement le fourneau. Par la chaleur, le filament de bambou est transformé en charbon solide, flexible, assez dur, et conservant la forme recourbée en U qu’on lui avait donnée, en le plaçant dans la boîte de nickel.

Chaque extrémité du filament de charbon est ensuite fixée à un fil de platine, contourné, au bas, en une sorte de pince. Le filament charbonneux est ainsi soutenu en l’air par un fil de platine recourbé, qui établit sa communication directe avec le courant électrique.