Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les spectateurs, une cause de panique. Il faut réserver les bougies électriques pour les façades, les terrasses extérieures, les escaliers, etc. Les becs à incandescence doivent seuls être placés dans la salle et les couloirs.

Le courant électrique qui alimente les becs, doit être produit loin du théâtre, et non dans ses sous-sols ou dépendances, comme on le fait trop souvent. L’usine mécanique doit en être éloignée autant que possible, et si une usine centrale est à peu de distance, c’est à cette source qu’il faut s’adresser. Les machines à vapeur et les générateurs sont, en effet, sujets à des accidents qui peuvent constituer un danger pour les théâtres.

Pour produire les effets variables d’éclairage de la scène et de la rampe, on se sert, comme dans les installations des maisons, de régulateurs à spires de maillechort, tels que nous les avons décrits et figurés[1]. Les régulateurs, grâce à leurs résistances en maillechort, produisent toutes les gradations de lumière désirables, depuis la demi-obscurité jusqu’à l’éclatante clarté. Si l’on veut diminuer l’intensité lumineuse des lampes à arc, sans les éteindre, on peut glisser, devant le globe, des écrans dont l’épaisseur et la couleur varient suivant les besoins. Pour faire l’obscurité complète, on éteint les foyers, et on les remplace par une résistance équivalente, afin de ne pas changer le régime de marche du moteur.

Nous énumérerons maintenant les théâtres qui possèdent aujourd’hui l’éclairage électrique.

La première introduction de l’électricité dans les théâtres de Paris, remonte à l’année 1878, époque à laquelle les bougies Jablochkoff commencèrent à populariser cet éclairage. L’Hippodrome reçut alors la belle installation que nous avons déjà signalée. Dix ans après, l’électricité était employée dans une cinquantaine de théâtres, tant en Europe qu’en Amérique. Citons, à Paris, le Grand-Opéra, le théâtre du Châtelet, les Variétés et le Palais-Royal ; à Londres, les salles du Prince, Empire, Syrie et Haymarket ; à Bruxelles, l’Alhambra et la salle Molière ; à Milan, la Scala et la salle Philodramatique ; à Saint-Pétersbourg, l’Alexandra ; à Anvers, le théâtre Flamand et le Grand-Théâtre ; et peu après, les théâtres de Prague, de Brünn, de Stuttgart, de Cologne, de Munich, de Carlsbad et de Magdebourg.

Les terribles incendies du théâtre des Arts, à Rouen en 1876, de Montpellier en 1879, de Nice en 1880, de Vienne (Autriche) en 1881, de l’Opéra-Comique de Paris, en 1887, d’Exeter (Angleterre) en 1887, émurent profondément l’opinion publique. Les municipalités obligèrent alors les directeurs de théâtres à substituer l’éclairage électrique à l’éclairage au gaz.

La plupart des directeurs de Paris se mirent les premiers à l’œuvre, pour obéir aux nouvelles prescriptions.

Aujourd’hui, les théâtres encore éclairés au gaz, ne sont à Paris, que des exceptions. L’Opéra, l’Opéra-Comique, la Comédie-Française, le Palais-Royal, le théâtre du Châtelet, le Vaudeville, les Variétés, l’Odéon, l’Eden, etc., sont éclairés par l’électricité.

Nous donnerons quelques détails sur les plus intéressantes de ces installations.

Le théâtre du Châtelet est entièrement éclairé à l’électricité ; le gaz en est complètement banni. La salle est garnie de lampes à incandescence. Il y a 4 lampes à bougies Jablochkoff, sur la terrasse qui surmonte la grande entrée du théâtre. Quand cela est nécessaire, des portants mobiles, munis de bougies Jablochkoff, sont mis en place, et allumés par un commutateur.

  1. Page 435, figure 354.