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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/494

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feu électrique a permis d’abréger la longueur des voyages. Nous voulons parler de la navigation de nuit, dans le canal de Suez. Depuis l’année 1886, la Compagnie du canal de Suez a autorisé le passage des bâtiments de commerce, ou postaux, dans le canal, aux conditions suivantes : 1° le navire sera muni, à l’avant, d’un projecteur électrique, d’une portée de 1 200 mètres, et à l’arrière, d’une lampe électrique, capable d’éclairer un champ circulaire de 200 à 300 mètres de diamètre ; 2° une lampe électrique, avec réflecteur, sera placée sur chaque bord du navire.

Cette augmentation de matériel pour la production de la lumière électrique, est très facile pour tout navire qui emploie déjà la lumière électrique ; et grâce à ce moyen, on effectue, pendant la nuit, en seize heures, la traversée du canal de Suez, qui demandait autrefois plus de quarante heures, par suite de l’interruption occasionnée par la nuit.

Ajoutons que la Compagnie du canal a installé sur la berge orientale, et vis-à-vis de chaque gare, plusieurs feux de direction, dans le but de faciliter la marche des vaisseaux.

Depuis que cette autorisation a été accordée, de nombreux navires se sont pourvus du matériel nécessaire, et traversent le canal pendant la nuit.

En résumé : augmentation de l’intensité de l’éclairage ; — suppression des chances, d’incendie ; — augmentation du bien-être des passagers, et facilité qu’on leur donne de tenir leurs cabines éclairées la nuit ; — suppression des soins d’entretien des appareils d’éclairage ; — moyen de créer, à l’avant et à l’arrière, un phare éblouissant, destiné à prévenir les abordages ; — tels sont les avantages multiples de l’emploi de l’électricité à bord des navires de diverses catégories. Il est donc à désirer que l’installation de cette lumière sur des bâtiments de tout tonnage, devienne bientôt universelle.

Application de l’éclairage électrique à la guerre et à la marine militaire. — L’éclairage électrique, pendant les opérations des sièges, sert à produire, à l’aide des projecteurs du colonel Mangin, l’éclairage des positions ou travaux de l’ennemi, et à bord des navires, à promener des feux allongés pour déceler dans un vaste rayon la présence de torpilleurs ennemis. Nous avons, dans cet ouvrage, traité ces deux questions : la première, dans la Notice sur la Télégraphie optique (t. Ier p. 494-502) la seconde, dans le Supplément aux Bâtiments cuirassés (tome II, page 333-335). Nous n’avons donc pas à revenir sur ces questions, et nous nous bornons à renvoyer le lecteur aux pages citées ci-dessus.


CHAPITRE XII

le pétrole. — ses nouveaux gisements découverts en amérique et en asie.

Dans la Notice sur l’Art de l’éclairage, des Merveilles de la science, nous avons décrit les gisements de pétrole, en Amérique et en Asie, et nous avons fait connaître les procédés servant à l’extraction et à la purification de ce liquide naturel. Nous avons donné la description des premières lampes employées pour l’éclairage au pétrole, et signalé les premiers essais, remontant à l’année 1868, pour le chauffage des machines à vapeur au moyen du naphte[1]. Depuis la publication de notre Notice, c’est-à-dire depuis l’année 1870, le nombre des pays et localités où l’on trouve du naphte, s’est prodigieusement multiplié, et comme conséquence de l’extraordinaire abondance de ce liquide sur les marchés des deux mondes, son usage industriel s’est accru dans des proportions considérables. Aujourd’hui,

  1. Tome IV, pages 184-208.