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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/510

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gauche, on entre dans une gorge étroite, formée de rochers calcaires. Le chemin passe ensuite en un lieu où le torrent a creusé sa voie à 30 mètres au-dessous du sol, en formant une arche suspendue, enguirlandée de fougères couleur d’émeraude. Une rivière souterraine débouche en ce point dans le Kourilla.

En continuant à parcourir les montagnes, on atteint la forêt de Tchâla. Ici, le territoire à huile est situé à la surface d’une chaîne de montagnes qui sépare la vallée du Kourilla de celle du Riou.

L’altitude est de 1 800 mètres ; il y a quatre puits à huile, de 10 à 12 mètres de profondeur. Le roc est un trachyte dur, d’origine volcanique. En creusant un de ces puits, le fond du rocher éclata avec explosion pendant l’absence des ouvriers, et l’huile jaillit hors du puits.

Dans cette forêt, on voit plusieurs sources de pétrole ; celles plus à l’est sont ferrugineuses, et près d’elles se trouve une source d’eau fraîche, très chargée d’acide carbonique. En ce point, l’huile est lourde, de couleur gris clair, aussi épaisse et visqueuse que l’huile de ricin. Ces sources sont à 1 800 mètres plus bas que celles dont il vient d’être question, et à 160 kilomètres de la mer Noire. On y trouve les signes d’une formation d’huile, qui s’étend très loin dans la vallée du Riou.

Des sources d’huile existent aussi au sommet d’une montagne, entre Talaf et Signakh, à 1 600 mètres d’altitude. Elles paraissent à la surface, dans un schiste argileux. De très grands volcans de boue se rencontrent encore dans cette localité ; ils coulent dans la vallée de l’Alazan.

À quinze kilomètres au-dessous de Tiflis, sur les bords de la rivière Koura, on trouve beaucoup de puits à huile, ayant 25 mètres de profondeur. Le pétrole, qui est épais, filtre lentement dans ces puits, et est puisé dans des seaux. On le fait bouillir, et on s’en sert pour rendre imperméable les outres qui servent à conserver le vin du pays.

Dans le désert de Shahari, au sud-est de Signakh, sont de nombreuses sources d’huile minérale dont les plus importantes sont celles de Zarskoe-Kolodshy. Là, des puits ont été creusés, et sont devenus productifs ; mais, à cause des difficultés de communication, ils n’ont jamais pris beaucoup d’importance. Entre cette localité et l’extrémité sud-est du Caucase, où l’on trouve les plus vastes champs d’huile, il doit exister encore d’autres sources.

Mais la région de Bakou est encore de beaucoup la plus importante de toutes celles d’Europe et d’Asie, pour l’exploitation du naphte naturel. Les travaux de cette exploitation sont limités, pour le moment, à la péninsule d’Apchéron, formant l’extrémité orientale des monts Caucase.

L’huile émerge à la surface du sol, en plusieurs localités, depuis la péninsule de Taman, sur la mer Noire, jusqu’à la péninsule d’Apchéron, sur la mer Caspienne.

Quand l’huile ne surgit pas à fleur de sol, il suffit de creuser à quelque profondeur, pour la faire jaillir.

Le pétrole de Russie est un liquide épais et de couleur brune, avec de légers tons verts ; il diffère, sous certains rapports, de celui qu’on trouve en Amérique. Ainsi, la pesanteur spécifique du pétrole brut américain est de 0,826, tandis que celle du pétrole du Caucase est de 0,872. Le pétrole de Russie est beaucoup moins riche que celui d’Amérique en huile propre à l’éclairage : le pétrole américain en donne 70 à 72 pour 100, tandis que celui de Russie n’en contient que de 25 à 30 pour 100. En revanche, le pétrole du Caucase contient en plus grande proportion l’huile propre à lubrifier les organes des machines.

Pour être livré au commerce, le pétrole