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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/512

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CHAPITRE XIII

le raffinage du pétrole. — les applications du pétrole à l’éclairage. — les nouvelles lampes à pétrole. — lampes anglaises, françaises, américaines et belges.

Le pétrole est un liquide prodigieusement complexe. C’est un mélange, dans les proportions les plus variables, d’un grand nombre de carbures d’hydrogène, de densité, de fusibilité et de points d’ébullition différents. De toutes les substances quïl renferme, une seule, l’huile à brûler, distillant entre + 150° et + 280°, est utilisable pour l’éclairage ; les autres produits, si l’on en excepte l’essence, qui est employée comme liquide éclairant, dans certaines conditions, sont impropres à l’éclairage. Il faut donc purifier, en d’autres termes, raffiner le pétrole, pour en retirer le produit servant à l’éclairage, c’est-à-dire le liquide qui distille entre + 150° et + 280 degrés.

C’est par la distillation opérée à la vapeur, dans des cornues de fonte, que l’on sépare les différents produits composant le pétrole brut. Nous avons donné, dans la Notice des Merveilles de la science[1], le dessin de l’appareil distillatoire en usage dans les nombreuses raffineries de MM. Deutsch. Nous n’avons qu’à renvoyer le lecteur à ce dessin, la disposition de l’appareil n’ayant point subi de changements. Il sera bon seulement de rappeler la série de produits successifs que l’on recueille, quand on soumet le pétrole brut à la distillation, dans les cornues des raffineries.

Ces produits sont :

1° Des gaz combustibles, mêlés à un véritable éther, l’éther de pétrole. C’est le liquide le plus volatil de ce mélange, car il bout entre + 45° et + 70°. Sa densité n’est que de 0,65. Il forme avec l’air des mélanges explosifs ; de sorte qu’il faut prendre de grandes précautions quand on recueille les premiers produits de la distillation.

2° L’essence de pétrole ; c’est le produit qui distille de + 75° à + 120° Sa densité est faible (0,702). Elle est, en même temps, très inflammable. C’est ce produit qui communique au pétrole mal rectifié l’inflammabilité que l’on redoutait tant autrefois. On le sépare aujourd’hui, avec le plus grand soin, dans la distillation.

3° L’huile à brûler ; c’est le produit essentiel du pétrole destiné à l’éclairage. Distillant, comme nous l’avons dit, entre + 150° et + 280°, ce liquide n’est pas inflammable par lui-même, il ne brûle que par l’intervention d’une mèche, comme les huiles végétales ; il est d’une couleur jaune clair, et ne se colore pas par l’acide sulfurique.

4° Les huiles lourdes, distillant entre + 280° et+ 400°, que l’on emploie pour le graissage des machines. Certaines usines, en Russie, les consacrent au chauffage.

5° De la paraffine en petite quantité.

Voici, d’après M. Tate, chimiste américain, la proportion de ces substances, pour le pétrole de Pensylvanie :

Éther et essence de pétrole 
14,7 à 15,2 p. 100
Huile à brûler 
41,0 à 35,5
Huile de graissage 
39,4 à 38,4
Paraffine 
2,0 à 3,0
Résidu charbonneux 
2,1 à 2,7
Perte 
0,8 à 1,2

En distillant le pétrole brut, dans l’appareil que nous avons figuré dans les Merveilles de la science, on obtient les différents produits qui viennent d’être énumérés.

L’huile à brûler recueillie entre + 150° et + 280°, est mise à part, pour l’éclairage ; mais, avant de la livrer au commerce, il faut la purifier, en la traitant par l’acide sulfurique à 66°, ensuite par une lessive de soude caustique, qui neutralise les traces d’acide sulfurique restées après le lavage.

  1. Tome IV, page 196, fig. 113.