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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/54

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vail, réparti sur tout le globe, entre huit ou dix Observatoires bien situés, pourrait se faire sans grands frais, en quelques années, et permettrait de fixer la position actuelle de vingt ou trente millions d’étoiles.

Quand on songe que c’est au milieu de l’atmosphère si troublée de Paris qu’ont été obtenues les photographies d’étoiles inférieures à la 16e grandeur, il est difficile d’imaginer la quantité prodigieuse d’astres nouveaux qui viendraient se révéler sur les clichés de MM. Henry, si ces astronomes pouvaient établir leurs appareils sous le ciel si pur des tropiques, ou dans des stations aussi favorables que le Pic du Midi, en France. Peut-être obtiendraient-ils alors des étoiles de 18e grandeur. En pénétrant plus profondément dans le ciel qu’on ne l’a fait jusqu’ici, leurs clichés prendraient sans doute, à quelque distance, l’apparence d’une nébulosité continue, comme le ciel lui-même, dans les belles nuits tropicales.

Bien des corps inconnus ayant une marche sensible pendant une heure ou deux de pose, comme les petites planètes, les comètes, la planète trans-neptunienne, si elle existe, ou des satellites encore inconnus, révéleraient leur existence par le tracé de leur route au milieu des étoiles fixes, comme cela a déjà eu lieu pour Pallas.

Le Congrès pour l’exécution de la carte du ciel par les procédés photographiques, s’est réuni à Paris, pour la première fois, au mois d’avril 1887.

Dans la séance de l’Académie des sciences du 18 avril 1887, le président, M. Janssen, annonçait la présence de nombreux astronomes de divers pays, venus à Paris pour ce congrès.

« Au nom de l’Académie, dit M. Janssen, je souhaite la bienvenue aux savants qui sont venus pour assister au Congrès qui doit fixer les conditions dans lesquelles doit s’effectuer la photographie de tout le ciel. On se rappelle qu’à propos des beaux travaux des frères Henry, concernant la reproduction du ciel étoilé, on décida d’exécuter une photographie complète de tous les astres qui parsèment le firmament, avec le concours des observateurs de tous les pays. D’après le désir de M. Mouchez, directeur de l’Observatoire de Paris, l’Académie s’est chargée de faire les invitations. Elle a la satisfaction de remercier les astronomes qui ont bien voulu venir coopérer à l’œuvre scientifique qui doit donner l’état exact de la voûte céleste à la fin du dix-neuvième siècle. Soixante membres étrangers font partie de ce Congrès, qui sera présidé par M. Struve, directeur de l’observatoire de Pulkova. Deux séances ont déjà été tenues ; les questions se succèdent rapidement ; on a déjà arrêté les grandeurs des étoiles qui seront photographiées, ainsi que le genre des instruments à employer. »

Les réunions eurent lieu à l’Observatoire, du 16 au 25 avril 1887. On comptait 56 astronomes, appartenant à seize nations différentes.

Sans entrer dans le détail des travaux présentés par les membres de cet important aréopage scientifique, nous rapporterons les conclusions votées par le Congrès. Ce sont les suivantes :

1o Les progrès réalisés dans la photographie astronomique rendent absolument nécessaire que les astronomes du siècle actuel entreprennent, d’un commun accord, la reproduction photographique du ciel.

2o Cette œuvre sera entreprise à certaines stations, qu’il faudra choisir, et à l’aide d’instruments, identiques dans leurs parties essentielles.

3o Le principal but qu’on doit chercher à réaliser est la représentation de l’état général du ciel à l’époque actuelle.

4o On adoptera pour la photographie un instrument réfractant, c’est-à-dire en combinant des lentilles pour projeter l’image sur la plaque sensibilisée par le gélatino-bromure.

5o On choisira, parmi les étoiles à photographier, les étoiles de quatorzième grandeur comme limite extrême : ce qui implique un temps de pose nettement déterminé.

La carte du ciel renfermera environ 20 millions d’étoiles, qui seront reproduites sur les clichés photographiques après une pose de 15 minutes. À côté des clichés destinés à la construction de la carte, il sera fait des clichés pour lesquels la durée de pose sera réduite à 3 minutes environ, et sur lesquels on trouvera toutes les étoiles jusqu’à la onzième grandeur.

Cette carte céleste comprendra 1 800 ou 2 000 feuilles, qui représenteront les 42 000 degrés