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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/566

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connaissance de tout ce qui se rattache à l’industrie du gaz, consacre ses loisirs à la préparation d’un ouvrage, ou recueil considérable, car il ne formerait pas moins de dix à douze volumes, uniquement consacrés à l’éclairage et au chauffage par le gaz.


CHAPITRE III

le chauffage au pétrole. — appareils en usage en russie pour l’application du pétrole au chauffage des chaudières des bateaux à vapeur. — le pétrole, agent de chauffage dans les locomotives et dans les foyers des usines. — le pétrole employé dans le chauffage domestique. — appareils et usage leurs dangers.

L’introduction du pétrole, comme matière combustible, dans les foyers des chaudières à vapeur, et des locomotives, et son usage dans les usines ou manufactures, sont appelés à produire une véritable révolution dans l’industrie générale des peuples.

Depuis longtemps on s’inquiétait de l’excessive consommation annuelle de la houille, par suite de l’immense développement de l’industrie dans les deux mondes ; et l’on calculait avec effroi le nombre d’années qui nous séparent de l’instant où toutes les mines de houille du globe seraient épuisées.

En 1873, une commission d’enquête fut chargée, en Angleterre, de rechercher le maximum de temps que l’on peut assigner à l’entier épuisement de la masse de houille qui forme la richesse minière de la Grande-Bretagne, et l’on trouva que, dans une moyenne de quatre siècles, cet approvisionnement naturel aurait disparu.

Voici pourtant qu’au moment où l’on commençait à s’inquiéter de l’avenir de notre production manufacturière, le pétrole s’annonce comme devant servir de succédané à la houille.

Jusqu’ici, l’attention publique s’était uniquement portée sur l’Amérique, comme région productive de l’huile minérale de pétrole. Mais nos lecteurs ont appris, dans les chapitres précédents, que des gisements de plus en plus abondants de naphte, ont été découverts en Russie, entre la mer Caspienne et la mer Noire. Le nombre de ces gisements s’accroît chaque jour ; de telle sorte que le pétrole de Russie dépasse aujourd’hui, par son abondance, celui de l’Amérique.

C’est ce qui a conduit à faire usage de pétrole comme succédané de la houille, dans les foyers industriels.

Cette idée n’est pas, d’ailleurs, de date récente. Dès 1868, comme nous l’avons dit dans les Merveilles de la science[1], Sainte-Claire Deville faisait de nombreuses et remarquables expériences pour employer le pétrole comme agent de chauffage des chaudières à vapeur. Ce mode de chauffage fut essayé, à cette même époque, en France, par la Compagnie du chemin de fer de l’Est, et à Cherbourg, à bord d’un navire de l’État.

En Angleterre, en 1880, un petit bateau à vapeur, le Billi Collins, navigua sur la Tamise, au moyen du pétrole, grâce à un appareil construit par le directeur de l’Hydrocarbon Gas Company. Les expériences réussirent, et la question fut pratiquement résolue. On constata qu’il était facile de régler la combustion, en ouvrant ou fermant plus ou moins, les robinets de débit du pétrole.

L’expérience fut répétée sur une canonnière à vapeur, qui exécuta de nombreux parcours entre Londres et Gravesend.

Ces essais, pourtant, ne furent pas continués, en France ni en Angleterre, en raison du prix du pétrole.

En Amérique, les essais furent tout à fait concluants. À Boston, une pompe à incendie, dont le foyer était alimenté par

  1. Tome IV, pages 207-208.