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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/611

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Le phare de l’île de May, sur le pont de Forth, reçut une installation hydraulique, qui développait une lumière équivalente à 3 millions de bougies. C’est le maximum de ce qui a été obtenu jusqu’ici. Les derniers perfectionnements apportés dans la construction des appareils électriques et optiques par les physiciens et les industriels avaient été employés à réaliser, dans l’île de May, pour cette intéressante application du transport de la force par l’électricité.

La chambre des machines à vapeur et des dynamos employés à la production de la lumière électrique, était placée à 265 mètres du phare, près d’un petit lac, dont la chute d’eau était utilisée pour la condensation de la vapeur de la machine. On y avait placé deux dynamos à courants alternatifs de Méritens, actionnés respectivement par deux machines à vapeur, lesquelles ne devaient fonctionner simultanément que par les grands brouillards. En temps ordinaire, une seule machine marchait et l’autre était en réserve.

Les dynamos se composaient de 60 aimants permanents en fer à cheval, disposés suivant les rayons d’une circonférence et répartis en cinq rangées. Au centre tournait l’armature, formée elle-même de 5 anneaux ; sa vitesse était de 600 tours par minute.

Le courant était conduit au phare par deux tiges de cuivre, de 35 millimètres de diamètre, renfermées dans un conduit de pierre cimentée. Une communication téléphonique reliait le phare et la chambre des machines.

Il y avait deux lampes électriques : l’une était placée au centre de la lentille du phare et fonctionnait chaque nuit ; l’autre était en réserve, et toute prête pour l’allumage, s’il le fallait. Les charbons avaient 38 millimètres de diamètre.

Une autre application intéressante de la machine magnéto-électrique de M. de Méritens à l’éclairage des phares, a été réalisée, en 1888, dans le phare Sainte-Catherine, situé à la pointe méridionale de l’île de Wight. Les charbons, dont le diamètre est de 70 millimètres, ne sont pas cylindriques, mais cannelés, ce qui a pour effet de maintenir l’arc à leur centre, de diminuer leur élévation de température et d’assurer à la lampe une meilleure alimentation d’air. L’intensité lumineuse du foyer est de 60 000 bougies.

Les chaudières, machines à vapeur, dynamos et compresseurs d’air (ces derniers produisant la rotation de l’appareil dioptrique à seize panneaux de verre, placé autour du foyer électrique, et servant au fonctionnement de la sirène) sont logés dans un petit bâtiment, à droite de la tour. Les machines à vapeur sont au nombre de trois, du système compound, d’une force nominale de 12 chevaux chacune, mais pouvant fournir, au besoin, un total de 48 chevaux. Elles sortent des ateliers de M. Robey (de Lincoln. ) Les chaudières sont chauffées au coke.

Le jour de l’inauguration, les trois chaudières étaient en pression, bien qu’une seule machine fût utilisée pour actionner une des dynamos. Prête pour un usage immédiat, avec feu couvert et de la vapeur à la pression de 10k,548 par centimètre carré, la seconde machine était reliée à une dynamo de rechange, n’attendant que le mouvement d’un levier pour fonctionner aussitôt, en cas d’accident dans le premier groupe de machines.

La troisième machine à vapeur sert surtout à comprimer l’air, pour le fonctionnement de la sirène, en cas de brouillard. Cependant des compresseurs d’air spéciaux sont reliés à chacune des trois machines, pour servir, en cas d’urgence ; et d’immenses réservoirs sont constamment maintenus chargés d’air à une pression de 114k,064