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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/613

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du phare ; 2° créer une apparence différente de celle du feu fixe.

On ne peut atteindre le premier de ces buts qu’en donnant à l’éclat une durée beaucoup plus courte que celle de l’éclipse, ou, en d’autres termes, en faisant l’angle du faisceau lumineux une faible partie de l’angle sous-tendu par la lentille. Du reste, cet angle dépend de la dimension du foyer lumineux, et on ne peut l’augmenter, soit en augmentant cette dimension, soit en changeant la distance focale de la lentille, qu’en se condamnant à perdre une partie de la lumière, puisque la divergence se produit non seulement dans le plan horizontal, le seul, dans lequel elle est utilisée pour prolonger les éclats, mais dans tous les sens.

Avec la combinaison de lentilles verticales et d’un tambour cylindrique, qui sert à produire les éclats dans les phares électriques, on peut, en donnant aux lentilles verticales une courbure convenable, augmenter autant qu’on le veut la divergence des faisceaux dans le plan horizontal seulement et diminuer en proportion la durée des éclipses.

La portée d’un phare électrique de la plus petite dimension reste néanmoins très supérieure à celle des plus puissants phares à l’huile.

On peut s’en convaincre par les chiffres suivants :

L’intensité lumineuse d’un phare de premier ordre à feu fixe avec lampe à six mèches équivaut à 1 105 becs carcel.

L’intensité lumineuse d’un panneau annulaire de 45° d’un phare de premier ordre tournant, avec lampe à 6 mèches, équivaut à 9 847 becs carcel. C’est la plus grande intensité lumineuse qu’on puisse obtenir avec un phare à l’huile.

La divergence du faisceau donnée par ce même panneau est de 7° 7′, et la durée de l’éclat est environ le sixième de la durée de l’éclipse qui le précède et qui le suit.

En appliquant au calcul de l’intensité lumineuse des phares électriques les méthodes de M. Allard, et en partant des mesures photométriques, prises dans différentes directions, d’une lampe électrique alimentée par une dynamo Gramme de 25 ampères, on trouve que l’intensité lumineuse d’un phare électrique de 0m,50 de diamètre à feu fixe équivaut au moins à 20 000 becs carcel.

Cette même lumière, concentrée au moyen de lentilles droites mobiles, en faisceaux ayant une divergence telle que la durée des éclipses soit égale à celle des éclats, équivaudra à 40 000 becs carcel, c’est-à-dire qu’elle sera quatre fois plus intense que celle des plus puissants phares à l’huile, avec une durée d’éclipse beaucoup moindre.

Avec une dynamo Gramme de 45 ampères, l’intensité lumineuse d’un phare électrique de 0m,75 de diamètre sera d’environ 60 000 becs ou 100 000 becs pour le feu fixe (suivant que la machine sera couplée en tension ou en quantité) et de 160 000 ou 320 000 becs pour le feu tournant.

Les chiffres donnés pour les feux tournants correspondent, dans les trois types, à une durée d’éclats égale à la durée des éclipses.

On conçoit que, disposant d’une telle quantité de lumière, on n’ait pas à se préoccuper de concentrer plus ou moins les faisceaux, afin d’augmenter ainsi la portée du phare. Le seul objet des lentilles mobiles des appareils tournants est alors de produire des apparences caractéristiques qui distinguent nettement chaque phare des phares voisins.

L’emploi de la lumière électrique et celui des groupes d’éclats (beaucoup plus faciles à réaliser avec cette lumière qu’avec les lampes à huile) fournit un nombre d’apparences suffisant pour que l’on puisse se dispenser de faire figurer parmi les caractères distinctifs d’un phare tournant, la durée de l’intervalle qui sépare les apparitions de deux éclats successifs.

Chaque phare dit son nom plus vite, plus nettement, et sans obliger l’observateur à consulter sa montre.

Enfin si le nombre des apparences réalisées avec la même lumière blanche paraît insuffisant, on peut recourir à la lumière rouge, ou, ce qui est toujours préférable, à une combinaison d’éclats blancs et d’éclats rouges, sans craindre de trop diminuer la portée du feu, qui, même après la perte causée par la coloration, restera supérieure à celle des plus puissants appareils à huile.

Nous venons de faire connaître les dispositions nouvelles, prises dans les phares, pour l’installation de la lumière électrique. Demandons-nous maintenant, quelle est l’utilité précise de ce nouveau mode d’éclairage ?

Et d’abord, si l’on compare, sous le rapport de l’intensité, le foyer électrique d’un phare à un foyer à l’huile, on trouve que l’intensité d’un feu fixe de premier ordre, équivaut seulement à 1 105 becs carcel, tandis que celle d’un feu électrique atteint de 30 000 à 200 000 becs carcel. Pour les éclats, tout ce qu’on peut obtenir avec l’huile, c’est une intensité maxima de 9 850 becs carcel, tandis que la lumière électrique donne de 60 000 à 400 000 becs carcel.

Disons pourtant, qu’en définitive et en