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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/623

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lieu porte la cabine ; de cette façon, celle-ci s’élève toujours régulièrement, sans être influencée en rien par les légères variations de vitesse des pistons, variations ne pouvant résulter, et cela dans une très faible mesure, que de frottements inégaux aux garnitures des pistons.

De la partie supérieure de cette première cabine et des deux extrémités du palonnier partent quatre câbles, qui, passant par des poulies établies au sommet de la tour, soutiennent la deuxième cabine ; deux des câbles s’attachent sur un palonnier, au milieu duquel est suspendue cette cabine ; les deux autres câbles sont fixés directement au corps de la cabine même, et sont destinés à servir de système de sécurité.

Les cabines, qui peuvent élever 750 personnes à l’heure, ont une surface de 14 mètres carrés, et contiennent environ 63 personnes. Chaque cabine ne parcourant que la moitié de la course totale, il en résulte un échange de l’une à l’autre, à la hauteur du plancher intermédiaire ; cet échange se fait par deux chemins distincts et par suite sans perte de temps, La durée d’une ascension avec la vitesse de 0m,90 par seconde, se décompose ainsi : une minute et demie pour la course de chaque cabine et une minute pour le passage de l’une à l’autre, soit 5 minutes pour un voyage aller et retour, ou 4 minutes pour la durée du trajet de la deuxième plate-forme au sommet.

Les deux cylindres moteurs des cabines sont alimentés par un cône distributeur, assurant ainsi dans chacun d’eux une admission égale, et donnant pour le piston des déplacements égaux.

Ce distributeur est alimenté lui-même par un réservoir situé au sommet de la tour, et d’une capacité d’environ 20 000 litres.

Un frein très puissant permet de répondre absolument de tout accident et d’affirmer que, dans le cas de rupture d’un organe important de l’ascenseur, les visiteurs portés par la cabine n’auraient à redouter aucune chute.

Tous les ascenseurs de la tour Eiffel sont mus par l’eau. Ils ont nécessité l’installation de plusieurs systèmes de pompes à vapeur : les unes du système Girard, pour les ascenseurs Roux et Otis ; les autres du système Worthington, pour l’ascenseur Edoux. Ces pompes effectuent un travail continu de 300 chevaux-vapeur.

L’ensemble des ascenseurs de la tour permet d’élever par heure 2 350 personnes au premier et au deuxième étage, et 750 personnes au sommet ; l’ascension totale s’effectue en sept minutes.

On a calculé que 10 000 visiteurs peuvent se trouver à la fois dans la tour, répandus sur les deux plates-formes, les escaliers ou les ascenseurs.

La troisième plate-forme, à laquelle nous voici parvenus, est à 276 mètres au-dessus du sol. Elle ne contient guère qu’une grande salle, de 66 mètres carrés de surface, pouvant recevoir 800 personnes. Tout son pourtour est fermé par des glaces, qui permettent d’observer, à l’abri du vent, qui est souvent très fort à cette hauteur, le magnifique panorama que l’on embrasse circulairement.

Inutile de dire que la vue est toute différente à cette hauteur qu’aux niveaux inférieurs. On aperçoit Paris et ses environs, comme sur une carte de géographie en relief, mais avec une couleur de tons très peu variés : la verdure paraît noire, et les rues ressemblent à des sillons clairs, sur un fond brun et monotone. Aucun bruit ne monte à cette hauteur ; la ville, si fiévreuse et si mouvementée, apparaît comme le séjour du silence et de l’immobilité. C’est un amas de pierres, d’où ne sort aucune rumeur.

Beaucoup de personnes préfèrent la vue du premier étage à cette dernière, l’extrême élévation ne permettant plus de rien discerner, bien distinctement.

On assure qu’à cette hauteur la vue atteint