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l’artiste, en exécutant son dessin, trace lui-même, à la plume, les tailles qui doivent composer la gravure : avec de l’habitude et une étude spéciale, il arrive à tracer son dessin avec les traits convenables pour simuler les tailles de la gravure. Mais quand on opère sur une simple photographie, on n’a plus cette ressource ; la photographie transformée en gravure ne donnerait que les teintes plates qui lui sont propres. Il faut donc ici, tout à la fois, produire une gravure en relief, et créer un grain de gravure, artificiel, pour ainsi dire.

On vend aujourd’hui dans le commerce des papiers gaufrés, quadrillés, grainés, etc., dont les graveurs-photographes se servent, et sur lesquels ils tirent les négatifs à pourvoir d’un grain. Cependant la plupart des opérateurs préfèrent obtenir eux-mêmes le grain de leur papier. Pour cela, ils ont recours aux différents moyens qui sont en usage depuis longtemps dans les ateliers des graveurs en taille-douce.

On sait que le grain d’une gravure s’obtient, généralement, par le procédé dit à la résine. On enferme dans une armoire bien close la planche de cuivre ou d’acier à pourvoir d’un grain ; puis on projette, grâce à une manivelle que l’on tourne de l’extérieur, un nuage de résine en poudre. La résine, en tombant sur la surface métallique, y forme une couche grise. La plaque retirée de l’armoire, ainsi recouverte de vernis par petites places, est traitée par l’acide azotique. Les grains de vernis résultant des petits espaces non attaqués par l’acide constitueront, au tirage, les grains de la gravure.

Le procédé à la résine est souvent employé par les graveurs-photographes pour remplacer les papiers quadrillés, gaufrés, etc.

Quoi qu’il en soit des moyens permettant de donner le grain aux plaques métalliques, la photogravure directe s’exécute, comme nous l’avons dit, par les diverses opérations décrites ci-dessus à propos du gillotage, mais en opérant sur une lame de cuivre. Le gillotage donne un relief de zinc, la photogravure directe un relief de cuivre.

Différents opérateurs en France, mais surtout en Allemagne, exécutent d’assez bonnes gravures pour l’usage de la typographie, par la photogravure directe. Seulement, ils tiennent, presque tous, leurs procédés secrets, bien qu’ils soient décrits tout au long dans leurs brevets d’invention. C’est que la réussite de l’opération ne dépend pas exclusivement de la mise en pratique des procédés décrits dans les brevets, mais bien des tours de main particuliers, dont chaque graveur se réserve l’usage, et qu’il n’a garde de divulguer.

M. Ch. Petit, M. Gillot fils, M. Michelet, produisent, à Paris, de bonnes gravures par ce moyen. Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs (fig. 72) un spécimen de photogravure directe obtenu par M. Ch. Petit.

Il serait à désirer que la photogravure directe pût devenir d’un usage courant dans l’imprimerie comme l’est aujourd’hui le gillotage. Obtenir directement, sous forme de gravure, au moyen de la photographie, les vues de la nature, les portraits, les monuments, etc., c’est le desideratum de la photographie, qui, en reproduisant mécaniquement, sans l’intervention du dessinateur ni du graveur, les spectacles de la nature, aurait atteint les dernières limites de l’art.


CHAPITRE XII

la photolithographie, la photoglyptie et la gravure photographique en creux.

Nous avons fait un groupe distinct des applications de la photographie à la lithographie et à la gravure en creux (taille-