Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Wratten et Wainwright, en 1877, — sans toutefois que ces recettes donnassent le moyen d’opérer plus vite qu’avec le collodion mélangé au bromure d’argent.

Une observation fondamentale, faite en 1878, par le photographe anglais, Bennett, vint perfectionner singulièrement le nouveau procédé, et lui donner une extension universelle.

Bennett reconnut que si, après avoir préparé l’émulsion du bromure d’argent dans la gélatine, on fait bouillir ce mélange, — bien entendu, à l’abri de la lumière — pendant une demi-heure, et que l’on coule ensuite l’émulsion sur les glaces, on communique à ce mélange une propriété photogénique d’une prodigieuse sensibilité, à ce point que quelques secondes suffisent pour obtenir l’image, et qu’il ne faut pas même dépasser ce temps de pose, si l’on veut obtenir une bonne épreuve.

Les glaces préparées au gélatino-bromure d’argent conservent pendant des années entières leur propriété photogénique. C’est ce qui permet d’en faire une provision, et de les tenir en réserve, jusqu’au moment de s’en servir, sans crainte de les trouver altérées.

Cette stabilité de la surface sensible a permis à l’industrie de s’emparer de la fabrication des glaces au gélatino-bromure. Aujourd’hui, aucun photographe ne prépare lui-même ses glaces gélatino-bromurées. Il les trouve toutes prêtes dans le commerce, et l’on compte en France (à Paris, Lyon, etc.) de nombreuses fabriques de ces plaques, qui livrent leurs produits dans de petites boîtes convenablement conditionnées, et avec la marque de leur maison.

Il ne serait pas très intéressant pour le lecteur de donner la description de la manière dont les fabricants de glaces gélatino-bromurées s’y prennent pour préparer l’émulsion de bromure d’argent dans la gélatine, pour étaler cette émulsion sur la glace, la sécher et l’empaqueter dans les boîtes. Contentons-nous de dire que, dans ces fabriques, l’étendage de l’émulsion sur les glaces se fait mécaniquement. Les glaces sont posées sur des rubans mobiles, comme ceux des machines servant au tirage des journaux. Ces rubans se déroulent devant un réservoir, d’où s’écoule l’émulsion, et les glaces entraînées sur ces rubans reçoivent, l’une après l’autre, la couche de gélatino-bromure d’argent. Une fois recouvertes de la couche sensible, on les sèche à l’abri de la lumière, dans un courant d’air, et enfin, on les empaquète dans une boîte à rainures telle que la représente la figure ci-dessous.

Fig. 1. — Boîte à glaces à rainures.

Le photographe qui veut faire une provision de ces glaces commence par les retirer de la boîte à rainures des fabricants ; puis il les place l’une contre l’autre, face à face, en les séparant par une bande de papier épais, posée aux quatre coins, de manière qu’elles ne se touchent pas l’une l’autre. Il en fait alors des paquets d’une demi-douzaine, qu’il enveloppe de papier épais. Deux de ces paquets, formant une douzaine de glaces, sont enfermés dans une boîte de bois revêtue de carton, que l’on entoure elle-même d’une enveloppe de papier noir.

Ainsi préparées et enveloppées, les glaces se conservent pendant un temps illimité, si on les place dans une armoire, à l’abri de l’humidité.