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Page:Filion - À deux, 1937.djvu/181

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Il se penche tout près de la jeune fille.

— C’est maman, qui m’avait envoyée, c’est la réconciliation.

— Pourquoi me dis-tu cela aujourd’hui ?

— Parce que je vais mourir, et je ne veux pas partir sans avoir fait cette commission.

— Ne te tourmente pas, à ton âge on ne meurt pas aussi facilement que cela.

— Je ne me tourmente pas, je suis même bien heureuse. Une seule pensée me chagrine : Maman, comme elle va souffrir ! Mais la vie est si courte, elle doit achever son pèlerinage ici-bas.

— Ne parle pas tant, tu te fatigues.

— Je vous remercie, je n’ai plus rien à dire. Elle ferma les yeux et lui abandonna sa main. Quand le médecin entra, il hocha la tête :

— C’est plus prudent de lui faire administrer les derniers sacrements.

Alexandre Daubourge inclina la tête en signe d’assentiment et deux grosses larmes coulèrent sur ses joues durcies au travail des champs. Il ne se donna pas la peine de les essuyer. Il venait de retrouver sa fille pour la perdre aussitôt. Accablé, il vint rejoindre Jacques à l’étable.

— Avant d’aller chercher Alexandre à la station, téléphone à Sainte-Hélène chez Mme Z., demande Marie Lavoise, dis-lui que sa fille est malade, que nous lui demandons de venir.

Toute la maison que Laure a connue si ordonnée, si calme, est bouleversée. Le prêtre vient de s’éloigner après avoir préparé la mourante à fran-